Retraites, caisses maladie, climat, immigration, UE...
Voici les conséquences de la victoire de l'UDC pour les quatre prochaines années

L'UDC a gagné les élections haut la main, avec au total 62 sièges au Conseil national. Mais transformer cette victoire en succès politique ne sera pas facile. Voici ce qui pourrait changer pour les quatre années à venir.
Publié: 24.10.2023 à 10:59 heures
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Dernière mise à jour: 24.10.2023 à 11:03 heures
Sur la photo, de gauche à droite: les présidents de parti Marco Chiesa (UDC), Thierry Burkart (PLR) et Gerhard Pfister (centre).
Photo: AFP
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Tobias Bruggmann et Ruedi Studer

Après sa nette victoire électorale ce dimanche, l'UDC revendique le leadership du camp bourgeois. Le PLR et Le Centre doivent désormais proposer des solutions, soulignent à l'unisson les responsables du parti. Des solutions qui devront convaincre l'UDC. Mais ce ne sera pas aussi simple.

L'UDC dispose certes de 62 sièges au Conseil national. Mais avec ses alliés de la Ligue des Tessinois (Lega), de l'UDF et du MCG, le total serait de 67. Un doute plane encore: les plus petits partis se rallieront-ils à l'UDC? Même avec les 28 sièges du PLR, il manque encore un bon bout pour atteindre la majorité absolue de 101 voix. Et même dans ce cas, les majorités bourgeoises ne sont pas toujours possibles, comme l'a montré la législature de 2015 à 2019.

La droite s'est certes renforcée, mais Le Centre, avec son chef de parti Gerhard Pfister, reste décisif dans de nombreux cas. Et il a encore renforcé son influence. L'UDC réclame donc une collaboration bourgeoise large, mais cela dépendra des caprices des Centristes. 

Il n'empêche que des décisions importantes devront être prises au cours des quatre prochaines années. Blick met en lumière les conséquences, ou non, du glissement vers la droite.

Durcissement de la politique d'asile

L'UDC a joué la carte de la migration – son sujet phare – à maintes reprises et a ainsi gagné les élections. Elle exige davantage de concessions et un durcissement de la politique d'asile. Avec de bonnes chances de voir le PLR et Le Centre aller dans son sens.

Un durcissement de la politique d'asile est donc probable. Par exemple, il sera envisageable d'exercer une plus grande pression sur le rapatriement des demandeurs d'asile déboutés. Il en va de même pour la réduction des prestations sociales liées à l'asile.

En revanche, la création de zones de transit pour les demandeurs d'asile à la frontière devrait continuer à avoir du mal à passer. Même constat pour le retour aux contrôles systématiques aux frontières, que l'UDC exige comme mesure de dissuasion.

De toute manière, la question de l'immigration sera tranchée dans les urnes avec l'initiative de l'UDC contre une Suisse à 10 millions d'habitants. Une chose est d'ores et déjà claire: ni le PLR ni Le Centre ne voudront toucher à la libre circulation des personnes avec l'UE.

L'interdiction des centrales nucléaires sera-t-elle assouplie?

Sur le thème du climat et de l'énergie, la question des centrales nucléaires devrait gagner en dynamisme avec le renforcement de l'UDC. Des politiciens bourgeois autour du conseiller national PLR Marcel Dobler et du conseiller national UDC Christian Imark ont lancé une initiative sur les centrales nucléaires, qui devrait également permettre la construction de nouvelles infrastructures. Les signatures nécessaires sont apparemment réunies et l'initiative devrait être déposée prochainement.

Le marchandage commencera alors. Il est bien possible que le ministre de l'Energie UDC Albert Rösti présente un contre-projet qui reprenne la demande de manière plus modérée, même si le conseiller fédéral ne souhaite pas d'un nouveau débat sur le sujet. 

Mais même si Peter Hegglin, conseiller aux Etats du Centre, est aussi membre du comité d'initiative, son parti devrait se garder de soutenir inconditionnellement de nouvelles centrales nucléaires. Après tout, c'est une conseillère fédérale PDC, Doris Leuthard, qui a fait passer la sortie du nucléaire devant le peuple.

Les réformes des retraites restent difficiles

Sur la question des retraites, les bourgeois ont déjà réussi à se serrer les coudes: ils ont fait passer la réforme de l'AVS avec l'âge de la retraite des femmes à 65 ans. Ils ont également élaboré une réforme des caisses de pension qu'ils défendront ensemble lorsque le projet sera soumis au peuple l'année prochaine. Ils combattront ensemble l'initiative des syndicats pour une 13e rente AVS.

Ils sont aussi d'accord pour dire que l'âge de la retraite devrait être adapté à l'espérance de vie. La question est de savoir quand, comment et à quel prix. Après le oui de justesse à la réforme de l'AVS, Le Centre est particulièrement réticent. Il ne soutiendra pas l'initiative des jeunes libéraux-radicaux qui veut adapter automatiquement l'âge de la retraite à l'espérance de vie.

Le parti de Gerhard Pfister vise plutôt une extension de l'AVS: pour les couples mariés, la pénalisation du mariage, c'est-à-dire le plafonnement de la rente pour les personnes mariées, doit être supprimée. L'UDC a également de la sympathie pour cette idée. En revanche, le PLR ne participera pas à ce projet qu'il considère trop cher.

Ensemble contre l'initiative du PS sur les primes

D'innombrables idées sont sur la table pour maîtriser l'augmentation des coûts de la santé. Seulement, la devise est la suivante: «Faire des économies, oui, mais pas chez nous!» La collaboration bourgeoise se limite donc principalement à la lutte défensive contre l'initiative de gauche sur l'allègement des primes, qui veut limiter la charge des primes à 10% du revenu des ménages. Un contre-projet initié par le Conseil des Etats devrait couper l'herbe sous le pied de la gauche.

Le besoin de réforme du système de santé reste important. L'UDC et le PLR tendent vers des restrictions et moins de prestations. Le Centre demande un frein aux coûts et souhaite renforcer les pharmaciens et les médecins de famille. Mais lorsqu'il s'agit de mesures concrètes de réduction des coûts, les avis divergent également au sein des partis bourgeois. Un grand coup n'a pas encore été donné.

Les fronts restent difficiles au sein de l'UE

Après les élections, les choses pourraient aller vite. Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis devrait bientôt présenter le mandat de négociation avec l'Union européenne. Reste à savoir s'il attendra l'élection du remplaçant du conseiller fédéral Alain Berset ou s'il s'y mettra tout de suite. Les cantons et la commission de politique étrangère devront alors être consultés et les négociations pourront commencer.

Mais même au sein du nouveau Parlement, les fronts restent difficiles. L'UDC devrait en principe rejeter un accord-cadre. Une solution de compromis semble impensable, surtout si l'UE s'entête sur des questions en suspens comme les directives sur les citoyens européens.

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