C’est historique: pour la première fois, Le Centre a dépassé le Parti libéral-radical (PLR) lors des élections fédérales. La formation devient la troisième force politique du pays avec 29 sièges au Conseil national (contre 28).
L’occasion pour le président du Centre Gerhard Pfister de rêver à un deuxième fauteuil au Conseil fédéral. «Il y a exactement vingt ans, le PLR était d’avis que mon parti n’avait droit qu’à un seul siège avec exactement la même part d’électeurs que ce qu’a obtenu le PLR aujourd’hui», a-t-il souligné sur le plateau de la SRF.
Thierry Burkart, président du PLR, a alors rétorqué que la répartition des sièges avait été revue à l’époque en raison de la forte progression de l’Union démocratique du centre (UDC). Les libéraux-radicaux avaient soutenu le parti agrarien, qui revendiquait un deuxième siège au détriment du Parti démocrate-chrétien (le PDC, devenu Le Centre après la fusion avec le Parti bourgeois démocratique), alors la quatrième force politique du pays.
Gerhard Pfister ne compte pas lâcher l’affaire, même si renverser un conseiller fédéral en fonction n’est pas à l’ordre du jour. Attendre et frapper lorsque l’opportunité se présentera, tel est le plan du Centre.
Aucune chance pour les Vert-e-s
Il en va tout autrement pour les Vert-e-s. Encore étourdis par leur défaite, les dirigeants du parti écologiste continuent de croire qu’ils peuvent marquer des points avec une candidature au Conseil fédéral. Et ce même s’ils n’ont aucune chance de succès. Le président du parti Balthasar Glättli ne devrait-il pas plutôt réfléchir à son propre avenir à la tête des Vert-e-s, plutôt qu’à un conseiller fédéral vert?
Le PLR encaisse une défaite
Ces dernières années, Gerhard Pfister avait toujours fixé des objectifs très bas à son parti. En 2019, il s’était contenté de 13,8%, soit les résultats du PDC et PBD additionnés. Le Centre et son président sont donc extrêmement satisfaits des 14,6% obtenus ce dimanche.
Thierry Burkart — qui avait, lui, déclaré vouloir remplacer le Parti socialiste (PS) sur la deuxième marche du podium — encaisse une sévère défaite. Avec 14,6%, le PLR se retrouve à près de trois points derrière le score du parti à la rose.
Depuis qu’Elisabeth Baume-Schneider (PS) siège au Conseil fédéral, Ignazio Cassis peut certes se réjouir de ne plus occuper la dernière position dans le classement de popularité du Conseil fédéral. Mais le Tessinois sait que son siège est en danger.
Bientôt l’heure du Centre?
Thierry Burkart a de quoi être jaloux du parti à sa droite: le conseiller fédéral Albert Rösti (UDC) est sur le point de devenir aussi populaire qu’un certain Adolf Ogi. À ses côtés, Guy Parmelin ne prend jamais aucune décision importante, ce qui serait pourtant attendu d’un ministre de l’Économie. Pourtant, les Suisses lui font malgré tout davantage confiance qu’à Ignazio Cassis, montrent les sondages.
Le 13 décembre 2023, l’Assemblée fédérale choisira un nouveau conseiller fédéral (ou une conseillère fédérale?) parmi les candidatures officielles présentées par le PS. Le Parlement réélira — et maintiendra — aussi les autres membres du gouvernement actuel. Mais Ignazio Cassis, qui fêtera son soixante-troisième anniversaire quatre mois plus tard, ne restera pas éternellement en poste. Le moment sera alors propice pour Le Centre.