Remplacé par une fausse pierre
Un joaillier est accusé d'avoir dérobé un diamant estimé à 8,5 millions

Un présumé gentleman cambrioleur se retrouve jeudi au tribunal à Nyon (VD). Ce joaillier est accusé d'avoir dérobé un diamant estimé à 8,5 millions de dollars, en le remplaçant sur sa bague d'origine par une pierre sans valeur.
Publié: 01.12.2022 à 14:24 heures
Une singulière affaire de vol de diamant occupe jeudi le Tribunal d'arrondissement de La Cote à Nyon (archives).
Photo: NOEMI CINELLI

Les faits se seraient déroulés à Dully (VD) en janvier 2012, lorsqu'une femme a mandaté ce joailler jordanien pour établir l'inventaire de ses bijoux. L'expert en aurait profité pour voler ce diamant rose pourpre de 17,48 carats, le substituant sur la bague par «une pierre de type quartz sans valeur, de taille et de couleur identiques», relate l'acte d'accusation. Le diamant volé n'a jamais été retrouvé.

Le sexagénaire, qui vit désormais à Doha, a passé 119 jours en détention provisoire en 2012, avant d'être libéré. Dix ans après, il clame toujours son innocence.

Suspecté à tort?

Ses trois avocats ont déposé plusieurs réquisitions d'entrée de cause jeudi matin, destinées à «rééquilibrer une enquête menée exclusivement à charge», a affirmé Maître Miriam Mazou. Selon elle, le prévenu a été suspecté «à tort dès le début», l'enquête n'ayant pas exploré d'autres pistes qui auraient permis d'identifier «le vrai coupable». La partie plaignante est «aveuglée» et s'appuie sur un dossier «incomplet», a-t-elle ajouté.

La défense a ainsi demandé de verser au dossier de nouveaux éléments, comme par exemple la liste des clients prestigieux de ce joaillier, censée montrer le crédit de celui qui a notamment travaillé pour la famille princière de Monaco. La défense a aussi critiqué l'expertise de l'Ecole des sciences criminelles de Lausanne (ESC), jugée «pas satisfaisante».

Elle a demandé à la Cour de prendre en compte une contre-expertise pour savoir à quel moment le diamant avait été remplacé sur la bague. Cette contre-expertise pourrait potentiellement disculper le prévenu, a indiqué Miriam Mazou.

«Son jeu ne tient pas la route»

Le Ministère public et les trois avocats de la lésée ont réfuté avec véhémence ces réquisitions. Maitre Mathias Burnand a souligné la «vocation indéfectible» du prévenu qui, depuis 10 ans, tente de «noyer le dossier» et n'en finit plus de «retarder l'échéance.»

Selon l'avocat, le joaillier cherche depuis toutes ses années à pouvoir faire accuser quelqu'un d'autre. «Son jeu, c'est le Cluedo. Il dit que ce n'est pas lui, mais quelqu'un d'autre. Mais son jeu ne tient pas la route», a-t-il affirmé.

Le procureur Jean-Marie Ruede a, lui, dénoncé «la mauvaise foi» de la défense et sa volonté de «salir» le travail des enquêteurs, du Ministère public et de l'ESC. Le magistrat a raillé la contre-expertise réalisée par la défense. «C'est du grand n'importe quoi, une suite de théories fumeuses», a-t-il dit.

Une affaire qui dure depuis 10 ans

Le procureur a estimé que les différentes manœuvres de la partie adverse consistaient à «faire douter» la Cour. Des manœuvres qui durent depuis 10 ans, a-t-il rappelé, relevant que 11 recours avaient été déposés au Tribunal cantonal et au Tribunal fédéral avant que ce procès ne puisse démarrer.

L'audience se poursuit jeudi après-midi, puis vendredi et lundi. A noter que le joaillier, outre le diamant de 8,5 millions de dollars de la bague, aurait volé un autre diamant jaune de 3,03 carats, dont la valeur atteint «plusieurs centaines de milliers de francs», selon l'acte d'accusation.

(ATS)

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