Querelle ravivée
La monarchie britannique a-t-elle injustement acquis un diamant historique?

Après le décès de la reine Elizabeth II, une vieille querelle ressurgit. Le diamant indien qui orne une couronne royale, l'un des plus gros du monde, aurait été remis à tort aux Britanniques à l'époque coloniale.
Publié: 13.09.2022 à 17:07 heures
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Dernière mise à jour: 14.09.2022 à 08:25 heures
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Lors de la mise en bière de la reine Elizabeth II à Edimbourg, la couronne écossaise a été posée sur son cercueil. Une vision qui a ravivé une querelle.
Photo: keystone-sda.ch
Berit-Silja Gründers

Lors de la cérémonie de mise en bière de la reine Elizabeth II, qui s’est tenue ce lundi à Edimbourg, la couronne écossaise a été placée sur le cercueil de la monarque. Une image qui a ravivé une vieille colère chez les détracteurs de la monarchie: la querelle autour du diamant Koh-i-noor.

Celui-ci est considéré comme le plus ancien et le plus gros diamant du monde avec ses 108,93 carats. Le Koh-i-noor orne la couronne de la défunte reine-mère (1900-2002), la mère de la reine Elizabeth II. Le bijou est exposé dans la Tour de Londres lorsqu’il n’est pas sorti pour des événements officiels. La dernière fois était lors des funérailles de la reine mère.

Une longue histoire

L’histoire du diamant Koh-i-noor remonterait à plus de 5000 ans. Selon les chercheurs, la pierre précieuse a été mentionnée pour la première fois dans des écrits sanskrits de l’Inde actuelle. Les premières références textuelles confirmées remontent à 1304, lorsque le diamant était en possession d’un souverain du nord de l’Inde.

Au fil des siècles, le diamant a changé de mains à de nombreuses reprises à la suite de pillages et de guerres. Il atterrit en 1747 dans le trésor du Pendjab, devenu par la suite l’Inde britannique. En 1849, le souverain indien Duleep Singh, alors âgé de onze ans seulement, est poussé par la puissance coloniale britannique à signer un traité de paix qui comprenait également la remise du diamant à la reine Victoria (1819-1901). C’est ainsi que la pierre est arrivée en Grande-Bretagne.

L’Inde veut «récupérer amiablement» les diamants

Les opposants à la monarchie n’ont cessé de réclamer que le Koh-i-noor retrouve sa juste place en Inde. La question de savoir si le jeune Duleep Singh a remis le diamant de son plein gré ou non est au centre de la querelle. En 2016, un tribunal indien a examiné une pétition demandant la restitution du diamant et a conclu qu’il n’avait été ni volé, ni annexé sous la contrainte de la puissance coloniale britannique. Le ministère indien de la Culture entend toutefois continuer à tenter de «récupérer amiablement» le diamant, à la suite de la prise de position du tribunal.

Sur Twitter, après le décès de la reine Elizabeth le 8 septembre dernier, les demandes de rapatriement du diamant en Inde refont surface.

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Danielle Kinsey, professeure d’histoire à l’université de Carleton dans l’Ontario, explique à la NBC l’origine de ces revendications: «L’histoire de l’impérialisme britannique est celle de la violence, des expropriations, des préjugés et de l’exploitation. Je pense que beaucoup de gens sont très en colère contre le fait que le Koh-i-noor représente un trophée pour la monarchie britannique.»

Le Koh-i-noor sera probablement porté par Camilla

C’est maintenant au roi Charles III de décider si le diamant sera restitué, poursuit l’historienne: «Regardons les choses de manière pragmatique, la couronne tient à la pierre parce qu’une restitution serait synonyme d’aveu. La valeur patrimoniale n’est que secondaire», assure-t-elle.

Selon Danielle Kinsey, il est fort probable que le Koh-i-noor fasse partie des joyaux de la couronne mis à la disposition de l’épouse du roi, Camilla.

(Adaptation par Thibault Gilgen)

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