Avec plus de 800 dossiers traités dont un peu moins de 400 recommandations, 2024 s'est une nouvelle fois terminée sur un nombre de cas record pour Monsieur Prix. Cette année, Stefan Meierhans se penchera sur les grandes plateformes internet et sur UBS. Outres ses domaines habituels, le surveillant des prix procédera à un examen approfondi des modèles de prix de différents acteurs du secteur des plateformes numériques. Cette décision s'explique par les récentes avancées technologiques, leur poids économique et les nombreuses réclamations reçues à leur encontre.
«De plus en plus de ces plateformes atteignent un point où elles deviennent puissantes sur le marché», a expliqué Stefan Meierhans lundi devant la presse à Berne. Ces entreprises dominent le marché, les nouveaux concurrents sont tenus à l'écart grâce à des innovations. Cela conduit à une hausse des coûts sous prétexte d'améliorations techniques que personne n'a souhaitées, relève-t-il.
Les services cloud et les logiciels qui doivent être payés régulièrement rendent également difficile le maintien du niveau de vie de la classe moyenne. Le Surveillant des prix mène des enquêtes sur les abus de plusieurs plateformes, dont certaines sont suisses. Il s'agit entre autres de plateformes de vente ou de celles du secteur immobilier ou du commerce automobile.
Le poids d'UBS
Cette année, Monsieur Prix consacrera aussi «une part notable de ses capacités à l'observation des segments» dans lesquels UBS est «susceptible d'exercer un important pouvoir de marché». Après la fusion entre UBS et Credit Suisse, des entreprises clientes lui ont en effet signalé des adaptations des conditions par la grande banque.
Revenant sur 2024, Monsieur Prix a relevé avoir reçu de nombreuses réclamations sur fond de situation économique tendue. Une fois de plus, la charge qui pèse sur les consommateurs s'est traduite par un nombre élevé de réclamations, essentiellement en provenance de particuliers, mais aussi d'entreprises.
Selon lui, le recul de l'inflation n'est pas forcément réjouissant. «Un recul de l'inflation signifie simplement que les prix n'augmentent pas aussi rapidement, mais pas qu'ils ont à nouveau baissé», a-t-il relevé. Et de rappeler que les consommateurs jouent un rôle important dans l'économie. Pour qu'ils puissent le remplir, leur pouvoir d'achat doit être garanti.
Dans le détail, sur les 2662 réclamations de citoyens, 17,1% ont concerné des tarifs et des prix pratiqués dans le domaine de la santé, 16,3% les prix de l'énergie, 10,5% la vente par correspondance et plateformes numériques, s'agissant des principaux domaines.
120 millions de hausses évitées
Stefan Meierhans a déjà demandé aux pouvoirs publics et aux entreprises proches de l'Etat de faire preuve de la plus grande retenue au moment de procéder à des adaptations de prix et de tarifs. Il demande que des mesures d'efficience précèdent systématiquement l'adoption de hausses de prix à la charge des consommateurs.
Concrètement, il a pu obtenir en 2024 une réduction de 120 millions de francs par rapport aux hausses de tarifs prévues, rien que dans le domaine des services postaux (70 millions) et des transports publics (50 millions). En outre, le surveillant des prix a trouvé un accord avec les CFF pour que ceux-ci proposent 100 millions de francs de billets dégriffés en 2025 et 2026 (50 millions par année). Les deux parties estiment par ailleurs qu'il n'y a pas de raison d'augmenter les tarifs des transports publics cette année.
Santé et énergie
Le surveillant des prix est aussi parvenu à négocier neuf solutions amiables, notamment avec Swisscom et les gestionnaires de réseaux de gaz à haute pression. Et des mesures d'adaptation d'ordre systémique, que Monsieur Prix a contribué à mettre sur les rails, ont été appliquées dans les secteurs de la santé et de l'énergie. Sur une note positive également, l'adaptation des marges de distribution des médicaments est entrée en vigueur à l'été 2024, en vue d'atténuer les incitations inopportunes pratiquées de longue date dans le secteur.
Dernier point réjouissant, les recommandations de correction des taxes pour l'utilisation du réseau électrique ont enfin été adoptées, après des années d'efforts. Elles conduiront à des baisses de prix de plus de 120 millions de francs en 2026. Au total en 2024, le surveillant des prix a délivré 384 recommandations sur les 873 projets que lui ont soumis les autorités. La plupart d'entre elles (189) se sont rapportées aux taxes sur l'eau, les eaux usées et les déchets, précise encore Monsieur Prix.