Ceux qui ont assisté jeudi à la prestation endiablée de l'artiste biennois Nemo en sont convaincus: une telle performance ne mérite pas seulement une place sur le podium du Concours Eurovision de la chanson (CEC) samedi soir. Un tel show mérite la médaille d'or de l'Eurovision 2024. Nemo a tout pour lui: les critiques du monde entier en sont convaincus. Sa chanson «The Code» est un morceau envoutant. Elle surpasse la plupart des chansons concurrentes, ne serait-ce qu'en termes de complexité musicale et textuelle.
Seulement voilà: dans la nuit de jeudi à vendredi, Eden Golan a surpassé Nemo en termes de cotes dans les paris. Il a relégué notre chouchou suisse à la troisième place. Marko Purišić, alias Baby Lasagna, reste encore indétrônable en tête des estimations. La candidate israélienne a aussi ses chances, malgré la polémique qui l'entoure. Alors, qui sont ces deux artistes avec lesquels Nemo devra se battre pour la première place?
Eden Golan, la ballade émotionnelle
La candidate israélienne Eden Golan fait actuellement beaucoup de bruit à Malmö. Pas tant grâce à son talent musical exceptionnel, mais plutôt à cause de la controverse qu'elle crée malgré elle. Des activistes pro-palestiniens manifestent depuis des semaines contre sa prestation. La chanteuse a dû se retirer de la scène publique pour cette raison et est aujourd'hui sous la protection de plusieurs agents. Lors de la répétition générale de la demi-finale et lors du jour J, des huées ont été entendues dans le public. Indépendamment de ce contexte délicat, Eden Golan reste une concurrente redoutable pour Nemo.
La jeune chanteuse a convaincu le public et le jury de «The Next Star», la présélection israélienne, et s'est assuré la place convoitée de représentante du CEC pour Malmö. L'artiste, d'origine lettone et ukrainienne, est née en 2003. Elle a passé son enfance en Russie, mais ne s'y est jamais sentie chez elle. «Même après 13 ans, je ne me suis pas habituée à la mentalité, à l'atmosphère et à la grisaille», a-t-elle révélé un jour au magazine «Mako». Elle a également subi de l'hostilité à cause de son nom israélien. Lors de l'éclatement de la guerre en Ukraine, sa famille a décidé de quitter le pays.
«Une mise en scène touchante»
Malgré ce parcours difficile, c'est en Russie qu'elle a posé la première pierre de sa carrière de chanteuse lorsqu'elle s'est présentée à «The Voice Kids» en 2018. En 2015, elle avait déjà participé aux présélections du CEC Junior. Eden Golan a finalement réussi à percer en remportant «The Next Star».
Reste à savoir si sa chanson «Hurricane» saura convaincre le jury et les spectateurs samedi soir lors de la finale. Le débat politique autour du pays qu'elle représente pourrait bien lui coûter des points. L'expert du CEC et journaliste Blick Michel Imhof reste convaincu de son talent: «C'est une ballade émotionnelle, avec une mise en scène touchante. En fait, elle a tout pour gagner.»
Baby Lasagna, du blabla avec un potentiel culte
Depuis la semaine dernière, il occupe la première place des cotes de paris: Marko Purišić a déjà placé son pays d'origine, la Croatie, sous les feux de la rampe internationale sous le nom d'artiste Baby Lasagna. En ce qui concerne ses textes, le chanteur ne peut pas rivaliser avec Nemo et Eden Golan: sa chanson «Rim Tim Tagi Dim» a un côté bien taquin qui interpelle.
Néanmoins, le Croate prouve que des chansons bien faites, avec une pointe d'ironie, peuvent aussi être en tête de liste. Et si on écoute bien, sa chanson a un fond bien sérieux: elle parle des jeunes Croates qui quittent en masse leur pays d'origine.
D'où vient son nom d'artiste?
Le nom d'artiste de Marko Purišić attire l'attention dans le line-up du CEC, car il a une histoire particulière. Le Croate, né en 1995 dans la ville côtière d'Umag, aurait eu cette idée en voulant acheter de l'eau pour avaler un cachet d'aspirine à cause d'une migraine. «J'entends beaucoup d'artistes de hip-hop avec des noms comme 'bébé ceci' et 'bébé cela'. Je savais que je voulais utiliser bébé, mais avec quelque chose de stupide», a-t-il expliqué au portail «Wiwibloggs».
On ne sait pas encore quel est le rapport entre cette inspiration spontanée et ses maux de tête. Il en va d'ailleurs de même pour le titre de sa chanson «Rim Tim Tagi Dim»: ça ne veut pas dire grand-chose. En fin de compte, le mélange des styles de Baby Lasagna pourrait s'avérer payant. C'est du moins ce qu'estime Michel Imhof: «Il se bat en première ligne pour le titre. C'est un mélange amusant de rock et de pop avec une influence d'éléments techno.»
Rendez-vous samedi soir sur Blick pour suivre la finale en livestream dès 20h50!