Le Concours Eurovision de la chanson 2024 pourrait être placé sous le signe de la joie, de l'amitié, de la musique et de Nemo. Cependant, le conflit du Proche-Orient, qui s'est rallumé, plane sur cet événement a priori apolitique.
Lors des représentations de la contribution israélienne d'Eden Golan pendant la répétition générale et la demi-finale, des huées ont retenti dans la salle. La jeune chanteuse a dû répondre à des questions controversées lors de la conférence de presse ; à Malmö, la participation d'Israël à l'ESC donne lieu à des protestations récurrentes. L'EBU (European Broadcasting Union) rappelle régulièrement que l'ESC est un événement apolitique, mais sans succès.
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La Belgique a-t-elle été disqualifiée?
En effet, la télévision publique flamande (VTR) a interrompu jeudi la diffusion de la demi-finale de l'Eurovision avant qu'Eden Golan ne monte sur scène. Avant et après la contribution israélienne «Hurricane», une image fixe est apparue. On pouvait y lire en néerlandais: «Il s'agit d'une action de protestation des collaborateurs. Nous condamnons les violations des droits de l'homme commises par l'État d'Israël. En outre, l'État d'Israël détruit la liberté de la presse. Pour cette raison, nous interrompons la transmission pendant un moment. #CeasefireNow #StopGenocide».
Il se pourrait même que cette action ait coûté à l'artiste belge Mustii sa place en finale du Concours. Sa contribution «Before the Party's Over» avait de bonnes chances de se qualifier, mais le Belge n'a pas figuré dans le top 10. Bien que l'UER n'ait pas pris officiellement position, les réseaux sociaux laissent entendre que la Belgique a été disqualifiée.
«Campagne ciblée contre les artistes»
Depuis des mois, des activistes palestiniens demandent aux organisateurs de bannir Israël de l'Eurovision dans le cadre de la guerre au Proche-Orient. L'Israélienne Eden Golan, interprète d'«Hurricane» reçoit même des menaces de mort. C'est pourquoi Jean Philip De Tender, directeur général adjoint de l'Union européenne de radio-télévision (UER), a pris la parole avant même le début de l'ESC pour prendre position. L'UER comprend que les gens participent au débat et «expriment leurs opinions profondes sur ce sujet. Nous sommes tous touchés par les images, les histoires et la douleur indéniable des habitants d'Israël et de la bande de Gaza», écrit Jean Philip De Tender dans son communiqué.
Il a toutefois qualifié d'«inacceptables et totalement injustes les campagnes ciblées dans les médias sociaux contre certains de nos artistes participants», étant donné que les artistes n'ont aucune influence sur cette décision. La décision de laisser la chaîne israélienne KAN participer à l'Eurovision relève de la seule responsabilité de l'UER et des chaînes membres, a-t-il ajouté.