C'était une question simple. Pourtant, Matthias Aebischer a eu du mal à y répondre. Êtes-vous féministe?», a demandé la semaine dernière la présentatrice de TeleZüri au conseiller national PS et candidat au Conseil fédéral.
Matthias Aebischer a répondu qu'il ne pouvait «rien faire» avec ce terme. Il est homme au foyer, s'engage pour l'égalité des droits, mais féministe ou pas, il ne se pose pas la question. Et il demande en retour: «Qu'est-ce que ça veut dire féministe, tu peux m'expliquer?»
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Jositsch trouve le terme «prétentieux»
Les déclarations du Bernois énervent un certain nombre de militants au sein du camp de gauche, en particulier parmi les femmes et les jeunes membres du PS. Ils ne comprennent pas comment Matthias Aebischer a-t-il pu sérieusement poser ce genre de question: lui, le représentant du parti et candidat qui a fait du féminisme son cheval de bataille. Après tout, le PS a adopté il y a six ans déjà un manifeste «pour une social-démocratie résolument féministe».
Mais qu'entendons-nous par féminisme? C'est le mouvement qui lutte pour l'égalité de tous les sexes dans tous les domaines de la vie. Un engagement qui n'est bien entendu pas réservé aux femmes.
Les deux autres hommes du PS qui se sont déjà lancés dans la course au Conseil fédéral ne veulent explicitement pas non plus être des féministes. Le conseiller aux Etats zurichois Daniel Jositsch a répondu en août à la même question de TeleZüri: «Je ne me définirais pas comme féministe.» Il s'engage pour l'égalité, souligne-t-il en réponse à Blick. Mais il trouve «prétentieux» de se «parer» de ce qualificatif lorsqu'il compare ce que d'autres font pour le féminisme.
Et Mustafa Atici, conseiller national PS à Bâle, réplique: «Je ne suis pas non plus féministe, mais l'égalité a encore besoin de beaucoup de lutte et de soutien à tous les niveaux.»
Différence de génération?
Que pense Tamara Funiciello, coprésidente des Femmes socialistes, de ces déclarations? Interrogée par Blick, la conseillère nationale ne veut pas s'exprimer sur le sujet.
En revanche, le président des Jeunes socialistes Nicola Siegrist ne mâche pas ses mots. «Je suis déçu que les trois hommes du PS aient manifestement autant de mal avec le terme de féministe.» Lui-même se désigne naturellement ainsi. Le coprésident du PS Cédric Wermuth n'a pas non plus de problème à se dire féministe en tant qu'homme.
Nicola Siegrist reconnaît que cela était inimaginable il y a encore quelques décennies. «Je comprends qu'il y ait une différence de génération.» Mais pour lui, une chose est sûre: «En tant qu'homme de gauche, il faut agir en tant que féministe en 2023 et se désigner comme tel.» Il reproche aux candidats de se décourager par peur des réactions négatives des bourgeois.
L'action plus forte que les mots?
Matthias Aebischer, quant à lui, trouve le débat futile. «Je suis père de quatre filles, je fais ma part de travail éducatif et domestique depuis 25 ans, je discute quotidiennement avec elles des injustices et je lutte avec elles pour l'égalité à tous les niveaux, avoue-t-il. Que je sois pour autant un féministe, je laisse volontiers cette discussion à d'autres.»
Il est clair que la pensée et l'action féministes sont plus importantes que la désignation, affirme également Pascale Buser, coprésidente de l'association Les Féministes. Cette organisation s'est donné pour objectif de sensibiliser les hommes à l'égalité. «En même temps, il est très important que les hommes, en particulier ceux qui ont de l'influence et de la visibilité, s'affirment publiquement comme féministes», estime-t-elle toutefois. Selon elle, cela permettrait de lever les inhibitions et de servir de modèle à d'autres hommes.
Au vu de la discussion, il sera intéressant de voir comment d'éventuels autres candidats du PS au Conseil fédéral se positionneront sur le sujet. Et ils peuvent déjà préparer leur réponse, car il est certain que la question sera posée.