Que signifie le départ du président Balthasar Glättli?
Les Vert-e-s se sont enfermés dans leur bulle climatique

Le président des Vert-e-s tire sa révérence. Balthasar Glättli s'en va, mais les problèmes restent. Il faudra désormais trouver qui pourra redonner espoir au parti écologiste déchu – et ce, le plus rapidement possible.
Publié: 15.11.2023 à 06:12 heures
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Dernière mise à jour: 15.11.2023 à 08:18 heures
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Le président des Vert-e-s Balthasar Glättli ne se représentera pas à la tête du parti au printemps.
Photo: Philippe Rossier
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Pascal Tischhauser

Ce n’était pas ce qu’il avait prévu initialement. Balthasar Glättli ne comptait annoncer son départ qu’après les élections au Conseil fédéral. Mais des fuites ont fini par trahir son souhait de quitter la tête des Vert-e-s, le forçant à confirmer publiquement l'information hier.

Cette annonce tombe au pire moment pour le parti écolo. Dimanche, la Genevoise Lisa Mazzone a été reniée: au total, en 2023, le parti a perdu cinq sièges au Conseil national et a dû en céder un autre au Conseil des États (le siège vaudois gagné par le libéral-radical Pascal Broulis), en plus de celui de la grande perdante du bout du Léman.

Sur le plan financier aussi, le groupe va devoir faire face à des temps difficiles après la perte de sept sièges au Parlement. C’est une certitude: les Vert-e-s sont dans le rouge.

Toujours zéro conseiller fédéral

Difficile à croire, pourtant, lorsque l’on sait que les Vert-e-s ont obtenu le deuxième meilleur résultat de leur histoire lors des élections du 22 octobre. Ils affichent toujours une part électorale de près de 10%. Et contrairement aux Vert’libéraux, ils n’ont pas de soucis à se faire quant à leur représentation à la Chambre haute. Mais tout le monde semble ignorer ces points.

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Ce que le monde a retenu, c’est que les Vert-e-s ont perdu. Balthasar Glättli dit lui-même qu’il est le visage de cette défaite. La formation aurait mérité de repartir avec une nouvelle énergie après ce coup dur. Seulement voilà: il faudra attendre début avril pour que la nouvelle présidence soit en place — et redonne de l’espoir au parti désillusionné.

En attendant, la situation reste la même. La candidature de Gerhard Andrey au Conseil fédéral n’aide pas non plus à redresser la barre. C’est plutôt une nouvelle claque qui attend le parti. Le 13 décembre, le conseiller national fribourgeois n’obtiendra probablement que 60 voix au premier tour. Il ne pourra plus dépasser le nombre de voix des membres de son propre groupe parlementaire. Alors que le Parti socialiste (PS) fêtera ce jour-là son nouveau conseiller fédéral, les Vert-e-s ne compteront toujours aucun membre au gouvernement.

Prisonnier de sa bulle climatique

On ne peut pas tant blâmer le candidat hors-jeu, mais plutôt le mauvais timing. Le parti souffre surtout d’avoir agi de manière trop monothématique au cours des quatre dernières années, comme l’a laissé entendre Balthasar Glättli sur la radio SRF. Alors que la classe moyenne souffre de l’inflation, des primes d’assurance maladie, des coûts énergétiques et des loyers toujours plus élevés, les Vert-e-s préfèrent faire passer le climat avant les gens.

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Il est indéniable que des mesures efficaces contre le réchauffement climatique sont essentielles. Il s’agit là aussi de la population. Mais ça, d’autres partis l’ont également reconnu. Alors que le PS — qui a récupéré de nombreuses voix vertes — s’est clairement rangé du côté des citoyens, le parti écolo a fait de la politique dans sa bulle climatique.

Avant même les élections, Balthasar Glättli était déjà plus discret. La cheffe de groupe Aline Trede s’est de plus en plus imposée sur le devant de la scène. Au sein du Palais fédéral, tous les partis disent pouvoir s’entendre avec elle. Mais la population ne comprend pas ses idées, souvent floues. Les Vert-e-s ont aussi loupé le coche concernant la thématique de l’activisme. Ils n’ont pas manqué de clamer qu’ils partageaient les objectifs des militants pour le climat — mais ont oublié de préciser que cette approbation ne comprenait pas leurs méthodes.

Il faut garder les pieds sur terre

Le parti aurait besoin de quelqu’un avec les pieds sur terre à sa tête. Quelqu’un qui puisse d’une part guider son propre électorat, mais qui soit également capable de convaincre de nouveaux partisans. La conseillère nationale saint-galloise Franziska Ryser ou le conseiller aux États glaronais Mathias Zopfi semblent être des candidats taillés pour une telle mission.

Actuellement, de nombreux Vert-e-s se prononcent en faveur d’une coprésidence. Après tout, ce mode de direction est à la mode à gauche. Ce n’est pas toujours la meilleure solution, comme l’a montré l’ancien duo Adèle Thorens et Regula Rytz. Dans les faits, le parti écolo avait deux présidentes: une pour la Suisse romande et une pour la Suisse alémanique. Mais la cohésion interne du parti en a fait les frais.

Une lourde tâche attend le successeur

Au vu des effectifs toujours plus réduits des Vert-e-s, les réflexions sur une coprésidence sont néanmoins compréhensibles. Qui voudrait être le seul président d’un parti en déclin, sept jours sur sept, du matin au soir?

Mais que les écolos optent ou non pour une double direction, il est risqué pour leur avenir de se laisser autant de temps. Il faut que quelqu’un puisse mettre le parti à l’abri des nouveaux événements que la vie lui réserve — et ce, le plus rapidement possible.

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