Lisa Mazzone avait un rêve: être la toute première Verte à assumer la présidence du Conseil des États en 2025. Mais dimanche 12 novembre, tout a basculé. La défaite et son départ précipité de la politique ont changé la donne. Elle ne sera par conséquent pas élue première vice-présidente lors de la session d’hiver. Pire encore: l’ambition présidentielle des Vert-e-s est désormais fondamentalement remise en question.
Sur les élections
Et pour cause: avec la bâloise Maya Graf, la neuchâteloise Céline Vara et le Glaronais Mathias Zopfi, les Vert-e-s n’ont plus que trois représentants à la Chambre haute. Et pour pouvoir se constituer, un groupe doit comprendre au minimum cinq membres d’un même conseil. Les députés qui n’appartiennent à aucun groupe sont qualifiés de «non inscrits».
Le parti a toutefois une dernière cartouche: Greta Gysin. Si cette dernière parvient à se faire élire au Conseil des États dimanche 19 novembre au Tessin, et si la verte libérale Tiana Moser rejoint la troupe écologiste, les Vert-e-s auront à nouveau de l’espoir. Ces deux éléments suffiraient pour obtenir les cinq sièges nécessaires à un groupe. Mais pour que ce scénario devienne réalité, il faudra… un miracle!
«Sans force de groupe, plus de revendication»
Dans les rangs de l’Union démocratique du centre (UDC), on pense qu'il faut combler le vide écologiste d'une manière ou d'une autre. «Les élections doivent avoir des conséquences», estime un conseiller national UDC influent, qui ne veut cependant pas se mêler des affaires des conseillers aux États.
De son côté, l’UDC Hannes Germann est très clair à ce sujet. «Si les Vert-e-s n’atteignent plus la taille d’un groupe, ils n’ont plus droit à la présidence», déclare ce conseiller aux États schaffhousois. Les Vert-e-s pourraient se joindre au Parti socialiste (PS), mais celui-ci devrait alors comptabiliser le siège écolo dans le tournus.
L’UDC appelle les Vert-e-s à renoncer
Dans tous les cas, deux présidences successives à gauche au Conseil des États ne se justifient pas, appuie Hannes Germann. Le conservateur fait référence au fait que la conseillère aux États du parti à la rose Eva Herzog sera déjà présidente lors de la session d’hiver. «Au vu des changements politiques, le mieux serait que les Vert-e-s renoncent maintenant et que les scrutateurs actuels prennent la relève.»
Des réflexions similaires émanent également du Parti libéral-radical (PLR) et du Centre. Selon eux, la présidence est attribuée «ad personam». «Sans force d’un groupe, il n’y a pas de siège», insiste un PLR. Il faudrait toutefois attendre le second tour des élections de dimanche prochain pour avoir une vision définitive.
Les Vert-e-s s’accrochent à cet espoir
Les Vert-e-s s’accrochent encore à leur ultime espoir. «Il est trop tôt pour en discuter, nous devons attendre le dimanche des élections», lance la conseillère aux États verte Céline Vara. Elle espère un succès de son parti au Tessin et une victoire des Vert’libéraux (PVL) à Zurich: «Si ces deux femmes sont élues, nous pourrons avancer.»
Pour l’instant, la Neuchâteloise ne s’est pas prononcée sur son éventuel souhait de prétendre à la vice-présidence. Ses deux alliés Maya Graf et Mathias Zopfi ne se sont pas non plus exprimés. Les Vert-e-s décideront dès la semaine prochaine dans quelle direction ils souhaitent aller. «Nous voulons tout donner pour former un groupe, assure la cheffe du groupe Aline Trede. Dès dimanche prochain, nous serons fixés et nous discuterons avec les autres groupes de la future composition.»
Werner Salzmann, le véritable gagnant
Si les Vert-e-s renoncent, le PLR Andrea Caroni deviendrait le premier vice-président de la Chambre des cantons. Le sénateur centriste Stefan Engler serait quant à lui le deuxième vice-président.
Le véritable gagnant de cette défaite des Vert-e-s serait encore une fois l’UDC — en particulier Werner Salzmann. Initialement attendu à la présidence du Conseil des États pour l’année 2028, le Bernois pourrait bien prendre la main dès 2027. Il n’aurait pas à craindre d’être destitué en tant que président désigné du Conseil des États lors des élections nationales de 2027, comme ce fut le cas pour Lisa Mazzone. Et pour couronner le tout, il pourrait décider sans pression de se représenter ou non dans quatre ans.