Le 22 septembre, la Suisse votera sur la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP). Cette semaine, Elisabeth Baume-Schneider a présenté les arguments du Conseil fédéral en faveur d'un oui au projet. «La réforme est nécessaire pour garantir les rentes de la partie obligatoire du deuxième pilier», a déclaré la cheffe du Département fédéral de l'intérieur.
Mais son parti, le Parti socialiste (PS), ne partage pas cet avis. Ce dernier a lancé un référendum conjointement avec les syndicats. Il parle d'une «arnaque à la LPP» et met en garde contre une baisse des rentes des caisses de pension.
Il s'avère désormais qu'une grande partie de la population est, elle aussi, sceptique vis-à-vis du projet. Un sondage représentatif réalisé à la mi-juin arrive à la conclusion suivante: si l'on devait voter aujourd'hui, une majorité relative de 45% rejetterait «certainement» ou «plutôt» la réforme de la LPP. Seuls 30% des participants se disent favorables au projet.
Des parallèles avec la 13e rente AVS
Le sondage commandé par l'Union syndicale suisse (USS) est l'œuvre de l'entreprise Feldlabor GmbH d'Oliver Strijbis, professeur de sciences politiques à l'Université Franklin de Zurich. Au total, 1045 «électeurs et électrices probables» ont donné leur intention de vote. Leurs réponses ont été pondérées en fonction de variables sociodémographiques et politiques.
Selon Oliver Strijbis, ce faible taux d'approbation est exceptionnel pour un tel projet soutenu par le Conseil fédéral et une majorité du Parlement. Mais il n'a pas été totalement surpris par les résultats: «L'élément principal du projet est la réduction du taux de conversion. Cette mesure n'est pas très populaire.»
Il est en outre frappant de constater qu'en plus des sympathisants du PS et des Vert-e-s, de nombreux électeurs de l'Union démocratique du Centre (UDC) penchent pour le non. «Nous avons ainsi une constellation similaire à celle de la 13e rente AVS. A l'époque, des forces conservatrices bourgeoises avaient également fait pencher la balance en faveur de la gauche.»
La formation d'opinion ne fait que commencer
On ne sait toutefois pas encore s'il en sera de même pour le référendum sur la LPP, précise Oliver Strijbis. «La formation de l'opinion n'est pas encore très avancée. La plupart des gens ne se sont pas encore penchés en détail sur le sujet.» Il sera notamment décisif de savoir si l'UDC – dont la direction soutient le projet – pourra resserrer les rangs.
L'économie n'est pas non plus unie derrière le projet de réforme. Economiesuisse, l'Union suisse des arts et métiers (USAM) et l'Union patronale suisse (USP) y sont favorables. Mais en Suisse romande, les employeurs prévoient de faire campagne pour le non. Dans l'artisanat, les avis divergent également: Gastrosuisse, la plus grande association patronale de l'hôtellerie-restauration avec environ 20'000 membres, ne soutient pas le projet. L'Union suisse des paysans émet également des réserves: «Le chargement est trop lourd» – tel est le commentaire sur la révision prévue.
Critique de la formulation de la question
Les fissures dans leurs propres rangs ne sont sans doute pas étrangères à la réaction nerveuse des partisans face aux résultats du sondage. L'Union patronale suisse remet même en question l'étude. «La question choisie ne permet guère d'obtenir un résultat représentatif», déclare Stefan Heini, responsable de la communication de l'UPS.
Concrètement, l'expert déplore que la question soit formulée de manière très complexe et que certains arguments des partisans aient été omis. La meilleure assurance des employés à temps partiel, des employés à très bas salaire et de nombreuses femmes n'ont pas été mentionnés. «En revanche, on parle de manière frappante de baisse des rentes, bien que le Conseil fédéral constate lui aussi que la réforme n'a pas d'effet direct sur la plupart des rentes.»
En tant qu'auteur de l'étude, Oliver Strijbis n'accepte pas cette critique. «Il est tout simplement impossible d'énumérer en détail tous les aspects d'un projet dans le cadre d'un sondage.» Au lieu de cela, on s'est limité – comme c'est l'usage – aux principaux arguments des deux parties.
Cette confrontation est un avant-goût de ce qui attend la Suisse dans les semaines à venir. Benoit Gaillard, responsable romand de la campagne à l'Union syndicale suisse, en est convaincu: «On s'attend à une très grosse campagne de la part des milieux patronaux pour le oui. En particulier des secteurs financiers, pour lesquels la LPP est une très bonne affaire. Les 20% d'indécis montrent que la bataille va être intense.» Le conseiller communal socialiste à Lausanne espère une mobilisation de la population: «Cela concerne surtout la classe moyenne, qui compte sur l'addition AVS + 2ème pilier pour vivre correctement et de manière autonome.»
Le meilleur conseil d'Elizabeth Baume-Schneider
Le fait que l'approbation soit actuellement assez faible ne surprend pas l'élu syndicaliste: «Le projet conduit à des réductions de rentes et à des déductions salariales plus élevées. Aujourd’hui, les gens voient que les nouvelles rentes LPP sont déjà en baisse. Quand ils comprendront que la réforme renforce cette tendance négative, nous avons bon espoir qu’ils se mobilisent.»
Qui en profiterait, et qui serait perdant? Tel est le point central de cette campagne de votation. Par rapport à la 13e rente AVS, il est toutefois nettement plus difficile de répondre à cette question dans le cas de la réforme de la LPP.
Contrairement à l'AVS (premier pilier du système de sécurité sociale), les données concernant les caisses de pension (le deuxième pilier) sont modestes. La raison est la suivante: il existe environ 1400 caisses de pension en Suisse – et aucune n'est identique. De plus, les conséquences individuelles de la réforme dépendent de l'âge, du taux d'occupation et du salaire, mais aussi de la suite de la carrière professionnelle.
Elizabeth Baume-Schneider a donc donné le conseil suivant aux électeurs. Si l'on veut savoir exactement ce que la réforme signifie pour soi, une seule façon de le savoir: demander à sa propre caisse de pension.