Plusieurs personnalités féminines se déchirent au sujet de la réforme des caisses de pension. Alors qu'Alliance F, une association qui porte la voix des femmes en politique, a récemment décidé de dire oui à la révision de la prévoyance professionnelle (LPP), une autre alliance de femmes a décidé de contre-attaquer: plus de 60 représentantes du monde politique et culturel ont lancé un manifeste pour protester contre le «gâchis de la LPP» et s'engagent pour un non le 22 septembre prochain.
Le moment n'est pas choisi par hasard. Après le succès de la votation sur la 13e rente AVS, suivie de la gifle électorale reçue par l'initiative sur les primes, la réforme de la LPP est le prochain enjeu des urnes. Avec son manifeste, cette Alliance se prépare également pour la grève des femmes prévue le 14 juin, durant laquelle des protestations contre la réforme sont également prévues.
Pour la responsable d'Unia, c'est «une réforme ratée»
Vania Alleva, cheffe d'Unia et vice-présidente de l'Union syndicale suisse (USS), fait partie des premières signataires du manifeste. «Cette réforme foireuse entraîne des déductions salariales plus élevées, alors que les rentes continuent de baisser pour la plupart», soutient ainsi Vania Alleva, pour qui cette réforme ne règle pas le problème des petites rentes pour les femmes.
Ce sont surtout les travailleurs à bas salaires, souvent des femmes, qui risquent d'en subir les effets. «Comment leurs salaires pourraient-ils encore suffire pour vivre? Payer plus pour moins de rentes?», s'emporte encore Vania Alleva. «Je dis non à cette arnaque qu'est la LPP.»
Dagmar Rösler travaille dans l'enseignement. Elle aussi a signé le manifeste. Présidente de l'association faîtière des enseignantes et enseignants suisses, son secteur d'activité est composé en grande partie de femmes travaillant à temps partiel. «Je rejette la réforme actuelle de la LPP, car elle n'apporte aucune solution aux enseignantes travaillant à temps partiel, regrette Dagmar Rösler. La réforme baisserait les rentes pour de nombreuses femmes, et ce alors qu'elles risquent de payer des cotisations plus élevées.»
Une réforme qui ne compenserait pas le renchérissement
D'autres femmes se sont également montrées favorables au manifeste: l'ex-Miss Suisse et désormais actrice Melanie Winiger, l'auteure Sibylle Berg – qui vient d'être élue au Parlement européen –, la musicienne Big Zis, l'historienne Elisabeth Joris, la chercheuse Sarah Schilliger, l'actrice Rachel Braunschweig, l'artiste Rebekka Lindauer ou la responsable de l'association professionnelle des soins, Yvonne Ribi.
De nombreuses femmes politiques ont également signé le manifeste, à l'instar de l'ancienne candidate du Parti socialiste (PS) au Conseil fédéral, Christiane Brunner, de la coprésidente du PS, Mattea Meyer, ou de la responsable des femmes du PS, Tamara Funiciello.
Dans leur manifeste, ces femmes reprochent également à la réforme de ne pas compenser le renchérissement du coût de la vie, ce qui aurait pour conséquence de baisser la valeur des rentes. Et avec cette réforme, les femmes aux revenus modestes continueraient à dépendre des prestations complémentaires. «En raison des cotisations élevées pour une LPP, les femmes auraient moins d'argent pendant leur vie active sans jamais pouvoir préparer leur retraite», lâchent certaines d'entre elles.
Prochain rendez-vous en automne
Alliance F ne partage pas la réticence à l'égard de la révision de la prévoyance professionnelle. L'association est convaincue que les femmes en sortiront gagnantes, car le travail à temps partiel sera mieux assuré. Pour la coprésidente et conseillère nationale Vert'libérale Kathrin Bertschy, «cela réduit enfin l'écart de pension entre les sexes».
La prochaine échéance aura lieu à l'automne. Et les femmes y joueront un rôle important. Ainsi, à l'aube du relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans – qui sera mise en œuvre à partir de 2025 –, elles devront à nouveau prendre une décision controversée en matière de retraite.