Réforme du deuxième pilier
Les syndicats font de lourds reproches aux caisses de pension

Bien que la votation sur la réforme du deuxième pilier ne soit prévue qu'en septembre au plus tôt, celle-ci fait déjà parler d'elle. Les nerfs des syndicats sont à vif.
Publié: 10.05.2024 à 17:31 heures
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Aldo Ferrari d'Unia fait des reproches à l'association des caisses de pension.
Photo: Keystone
Sermîn Faki

Après la 13e rente AVS, puis à présent les initiatives sur les primes, l'année politique 2024 a démarré sur les chapeaux de roue en termes de votations. La prochaine sera sociopolitique et se profile déjà à l'horizon. La réforme du deuxième pilier sera probablement soumise aux urnes en septembre, mais les nerfs des partisans et des opposants sont déjà à vif.

C'est ce que montre une lettre ouverte du syndicat Unia à la direction de l'ASIP, l'association des caisses de pension. Dans cette lettre, Aldo Ferrari, vice-président d'Unia il y a encore quelques années et toujours membre du conseil de fondation de plusieurs caisses de pension, reproche à l'ASIP son manque de décence et de respect. «Nous défendons la prévoyance professionnelle en tant qu'assurance sociale paritaire et constatons que vous vous êtes écartés de cette voie», déclare Aldo Ferrari dans la lettre que Blick s'est procurée. 

«Les syndicats n'auraient jamais fait ça»

Ces mots durs ont pour toile de fond le fait que l'ASIP se range derrière la réforme de la LPP et fait campagne pour le oui. Le directeur Lukas Müller-Brunner, par exemple, s'était récemment prononcé dans la «NZZ» pour une acceptation de la réforme.

L'argument d'Unia: les actifs des caisses de pension seraient gérés de manière paritaire. Cela signifie qu'outre les employeurs, des représentants des salariés siègent dans les conseils de fondation. En prônant le «oui», l'ASIP éclipse les représentants des travailleurs dans les conseils de fondation. Les syndicats n'auraient jamais fait cela: «Les travailleurs qui siègent dans les conseils de fondation, ainsi que les organisations syndicales qui y délèguent leurs représentants, ne se seraient jamais permis de vous demander de soutenir le référendum.»

En soutenant la réforme, l'ASIP montre «le peu de cas qu'elle fait du partenariat social», poursuit Aldo Ferrari. «Ce n'est pas à vous d'assumer les conséquences de votre soutien à cette réforme, puisque vous n'avez aucune responsabilité personnelle dans les conseils de fondation en tant que directeurs de caisses et d'associations.»

L'ASIP largement soutenue

Le climat est manifestement empoisonné entre les caisses de pension et les syndicalistes. La lettre ouverte est probablement une réaction aux déclarations de Lukas Müller-Brunner dans l'interview de la «NZZ». Celui-ci avait reproché aux syndicats d'avoir parlé en mal du deuxième pilier pour des raisons de tactique de vote lors de la 13e rente afin de donner une meilleure image de l'AVS.

Interrogé par Blick, Lukas Müller-Brunner se défend contre les reproches d'Unia, car la position de l'ASIP est largement soutenue par ses membres. L'association a mené une enquête auprès de toutes les caisses de pension affiliées. De ce fait, certaines parties de la réforme seraient largement soutenues, d'autres rejetées. 

«Néanmoins», explique Lukas Müller-Brunner, «une majorité des caisses de pension a décidé de soutenir la réforme. Car celle-ci renforce le système de la prévoyance professionnelle, et c'est important pour nos membres». L'ambiance surchauffée si tôt avant la votation le montre: la campagne de vote risque d'être houleuse.

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