Le 22 septembre prochain, la population suisse se prononcera sur la réforme des caisses de pension. Mais celle-ci est loin de faire l'unanimité. Le projet est en train de creuser des fossés au sein même des employeurs. L'Union patronale suisse (UPS) mène la campagne pour le oui avec le parti du Centre. Mais le Centre patronal romand s'y oppose désormais.
Les employeurs romands rejettent la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP) et prévoient de faire campagne pour le non, confirme le directeur de l'association, Christophe Reymond: «Nous allons faire entendre notre petite musique», annonce-t-il. Reste à savoir avec quels instruments la mélodie sera jouée.
Alors que la baisse du taux de conversion de 6,8 à 6% n'est pas contestée par les associations économiques, les opposants ne sont pas d'accord sur de nombreux autres points. Christophe Reymond critique notamment le fait que les suppléments de rente prévus, pouvant aller jusqu'à 200 francs par mois, sont mal faits et injustes. Le nouveau système est bureaucratique et présente un rapport coûts/bénéfices défavorable: «Le 2e pilier mérite mieux que cette réforme bidon», argue-t-il.
«Le mécontentement a augmenté» chez les artisans
Du côté de l'Union suisse des arts et métiers (USAM), le ton n'est pas mieux. Après un débat controversé, l'Union avait décidé de dire oui l'automne dernier. «Il s'agit d'un compromis que nous soutenons, déclare le président et conseiller aux États du Centre Fabio Regazzi. Nous devons faire un pas en avant dans la prévoyance professionnelle.»
Le président part toutefois du principe que la réforme a perdu son soutien dans le domaine. «Après le oui à la 13e rente AVS, le mécontentement a augmenté, car une nouvelle augmentation des pourcentages salariaux plane sur le milieu.» Les artisans doivent déjà supporter des pourcentages salariaux supplémentaires pour la réforme de la LPP. Au total, les adaptations coûtent plus de 2 milliards par an. «La situation de départ est différente aujourd'hui», estime Fabio Regazzi. La résistance est palpable, en particulier dans les branches à bas salaires.
Gastrosuisse est contre, Hotelleriesuisse est pour
La fracture traverse aussi le paysage associatif. Gastrosuisse rejette le projet, tandis que Hotelleriesuisse l'approuve. Les boulangers disent non, les maîtres d'œuvre disent oui. Quant aux assureurs, ils espèrent un renforcement du système des trois piliers.
«Le projet actuel dépasse l'objectif initial», déclare Casimir Platzer, président de Gastrosuisse. Il considère la baisse de la déduction de coordination comme une épine dans le pied qui augmenterait la masse salariale assurée – et donc les charges salariales. «Ces coûts pèsent de manière disproportionnée sur l'artisanat et l'agriculture», argumente-t-il. C'est justement pour les personnes ayant un faible taux d'occupation que les employeurs doivent faire face à un surcroît de dépenses important, alors que les nouveaux assurés n'en tirent qu'un faible bénéfice.
Casimir Platzer va encore plus loin: «Les déductions salariales supplémentaires réduisent l'attractivité du travail à temps partiel.» Le président estime que la situation de départ a changé: la réforme n'est plus du tout nécessaire à l'heure actuelle. «La pression pour agir a diminué après l'acceptation de la 13e rente AVS et en raison de la hausse des taux d'intérêt», conclut Casimir Platzer.
En revanche, Hotelleriesuisse est prêt à mettre la main à la pâte. «La prévoyance professionnelle doit être assainie de toute urgence», déclare le président Martin von Moos. Bien que les établissements d'hébergement doivent faire face à des coûts élevés, la nécessité d'une réforme est avérée. De plus, les mesures prévues permettraient de trouver un juste équilibre entre la sécurité de la prévoyance vieillesse pour les collaborateurs et la compétitivité des membres, estime Martin von Moos.
Les paysans prennent la parole
La situation est particulière dans l'agriculture. Les agricultrices disent oui. Mais au Parlement, le président de l'Union suisse des paysans (USP) et conseiller national du Centre Markus Ritter s'oppose au projet avec véhémence. La réforme sera «follement coûteuse» pour son secteur, a-t-il justifié. La charge financière sera trop lourde, d'après son association.
Entre-temps, les agriculteurs ont pris la parole. Pour Markus Ritter, il faut s'engager de toutes ses forces pour le rejet de l'initiative sur la biodiversité. La prise en compte de l'alliance «Geld-und-Gülle» avec les associations économiques devrait également jouer un rôle. L'élu du centre est lui-même sceptique: «Je continue à penser que les inconvénients sont considérables.»
L'UPS reste confiante
Malgré les avis négatifs, l'Union patronale suisse (UPS) se montre confiante quant à l'issue de la votation populaire du 22 septembre. «Bien sûr, la question des coûts préoccupe l'économie», déclare la responsable de la politique sociale Barbara Zimmermann-Gerster. Mais selon elle, la grande majorité des employeurs sont prêts à assumer leur responsabilité sociale. «La loi actuelle date des années 80, lorsque les ménages à un seul revenu étaient encore la norme, rappelle-t-elle. Nous avons besoin d'une LPP modernisée, qui tienne compte de l'évolution de la société.»