Servie fraîche, cette bière blonde artisanale de caractère se laisse facilement boire. Mais le vrai intérêt de la mousse des Jeunes UDC vaudois dévoilée ce samedi soir à Blick se trouve sur son étiquette. Baptisée «Larme de gauche», la boisson alcoolisée brassée à la Vallée de Joux tord le bras du Parti socialiste. Pour le plus grand plaisir de la remuante formation conservatrice, adepte des coups de communication musclés.
«Nous avons eu cette idée au mois de juin dernier, quand nous avions remporté trois victoires importantes», explique Emmylou Maillard, première femme à présider «la seule jeunesse de droite qui ne vote pas à gauche».
La jeune Vallorbière de 23 ans détaille: «Alors que le peuple venait de refuser la loi CO₂ ainsi que les deux initiatives phytos extrêmes, la gauche, mauvaise perdante, s'est tout de suite mise à pleurnicher dans les médias. Le nom de notre bière que nous souhaitions lancer pour le vingtième anniversaire de notre parti cette année était donc tout trouvé.»
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Une rose flétrie
Un graphiste qui souhaite rester anonyme «pour éviter que sa collaboration avec les Jeunes UDC ne lui nuise commercialement» s'est chargé de détourner le logo socialiste. Le poing et la rose sont toujours là, mais la fleur semble plus proche du compost que du comptoir du fleuriste. Pour parfaire cette composition sans équivoque, deux larmes s'échappent d'un pétale fané.
Assis en face d'Emmylou Maillard, Yohan Ziehli en rajoute une couche. «Contrairement aux roses tanzaniennes du PS, celle-ci est 100% locale, pique le vice-président de l'UDC vaudoise. Cette bière est bien évidemment un clin d'oeil politique mais aussi une démarche cohérente avec notre programme. Nous sommes attachés aux produits artisanaux et régionaux et nous le démontrons.»
Au total, les jeunes agrariens ont investi environ 4000 francs pour remplir leurs 1300 bouteilles. Celles-ci seront pour l'instant uniquement commercialisées lors d'événements organisés par le parti. «Si notre offre trouve son public, nous n'hésiterons pas à refaire un brassin, assure Emmylou Maillard. Et pourquoi pas vendre nos bouteilles dans des magasins si des commerçants manifestent un intérêt. Mais ce n'est pas notre objectif principal.»
Résumons: les Jeunes UDC, enthousiastes, se sentent portés par leurs succès de juin. Ce dimanche, toutefois, ce n'est pas la même limonade. Les perdants du jour seraient mal avisés de noyer leur chagrin dans leur bière après la large victoire de la gauche sur le droit de timbre et sur la publicité pour le tabac. Les gueules de bois, même les plus douloureuses, finissent toujours par passer. À condition ne pas rallumer le sapin trop vite. Santé!