Le tragique accident s’est produit un matin pluvieux de juin 2020. Un homme du canton de Schwyz, alors employé d’une société de sécurité, était venu avec son camion chercher des dossiers à détruire dans une banque de Liestal (BL). La succursale se trouvait dans la Rathausstrasse et ce n’était pas la première fois que le chauffeur du camion s’y rendait. Il effectuait cette mission régulièrement depuis un peu plus d’un an. Pour ce faire, il faisait habituellement une marche arrière dans la rue. Mais cette fois-ci, il n’a pas vu un piéton qui se déplaçait avec un déambulateur et un parapluie.
Le retraité a été poussé par le camion en marche arrière et grièvement blessé. Le senior avait une partie des os du bassin cassés, ainsi que des côtes et des vertèbres cervicales brisées. Trois jours plus tard, l’homme de 97 ans est décédé à l’hôpital des suites d’une embolie pulmonaire. Lundi, le chauffeur devait à présent répondre devant le tribunal pénal de Bâle-Campagne à Muttenz pour homicide par négligence, comme le rapporte la «Basler Zeitung».
Le chauffeur du camion s’est présenté très touché et a déclaré qu’il avait parlé à la victime de l’accident immédiatement après la collision. Il aurait pris l’homme dans ses bras et aurait posé sa veste sur lui. Le retraité se serait alors adressé à lui: «Ne vous en voulez pas. C’est moi qui n’ai pas fait attention.»
Le prévenu a reconnu les faits
Pour le tribunal, il était d’abord clair que le chauffeur du camion avait agi avec négligence et n’avait pas été prudent. L’instance a pointé que l’homme aurait dû avancer et rouler plus lentement, faire appel à l’aide d’une personne dans la rue et mieux respecter la priorité des piétons.
Le chauffeur du camion a expliqué que la place était souvent occupée par d’autres fournisseurs, et que les stores et les chaises présentes dans la rue ne laissaient pas assez de place pour faire demi-tour. Il était toutefois conscient que la visibilité était mauvaise ce jour-là à cause d’un temps pluvieux. Il aurait donc demandé à plusieurs passants de l’aider dans sa manœuvre. Mais comme personne ne s’est proposé pour le faire, il se serait engagé tout seul dans la rue. «Tous les passants n’avaient pas le temps et il pleuvait. De plus, dans le secteur des transports, nous travaillons toujours dans l’urgence», s’est justifié l’homme de 32 ans.
Le prévenu a toutefois reconnu les faits décrits dans l’accusation. Le ministère public ne manquait pas non plus de preuves: Outre les rapports et les comptes-rendus de la police, ainsi que les examens médico-légaux, les autorités chargées de l’enquête disposaient également d’une analyse de son compteur de vitesse et de matériel vidéo montrant l’intégralité de l’accident.
Rongé par les remords
Le ministère public avait requis une peine d’emprisonnement avec sursis de huit mois. Le chauffeur du camion, rongé par les remords, a confié pendant l’audience: «Cet accident a laissé des traces en moi.» Après le drame, il a pris contact avec les proches de la victime, s’est excusé et leur a présenté ses condoléances. «C’était important pour moi», a-t-il confié.
Le tribunal l’a finalement condamné à une peine pécuniaire avec sursis de 160 jours-amende à 90 francs. Il devra en outre payer les frais de procédure d’environ 13’000 francs. Le jugement peut faire l’objet d’un recours et n’est donc pas encore définitif.
(Adaptation par Lliana Doudot)