C’est dans la salle de cours au sous-sol de Gastro Bern que l’on retrouve un videur, une avocate et une femme qui travaillait, avant la guerre, dans un service de protection de l’enfance. Tous sont ukrainiens. Aucun, jusqu’à présent, n’a d’expérience dans le service ou l’hôtellerie, mais ils souhaitent trouver du travail en Suisse: «Comme je ne parle presque pas allemand, j’espère au moins trouver quelque chose dans la restauration», raconte Maryna, juriste de profession.
Restaurants cherchent employés
Des milliers de postes sont à pourvoir dans la restauration suisse, la pandémie en est la cause.
Le bruit s’est, entre-temps, rapidement répandu parmi les réfugiés. C’est pourquoi dix Ukrainiennes et deux Ukrainiens suivent cette semaine le cours gratuit mais intensif de gastronomie dispensé par l’association Gastro Bern.
Ne surtout pas rater les röstis
Le responsable du cours, Christoph Risse, explique aux réfugiés les bases qui sont primordiales pour travailler en Suisse. Pendant les trois jours de cours, il mentionne les règles suisses en matière de protection de la jeunesse, le salaire minimum et la législation sur les denrées alimentaires.
Les Ukrainiens apprennent ensuite à servir des verres de vin dans les règles de l’art ou à faire frire des röstis – tradition helvétique oblige.
Apprendre à gérer des situations difficiles
Christoph Risse discute également de situations délicates qu’il faut parfois résoudre au quotidien dans la restauration. Quelle est la meilleure attitude à adopter lorsqu’un client se comporte de manière raciste ou refuse de manger à côté d’une femme portant un foulard? Ou comment réagir lorsqu’un client manifestement ivre veut rentrer chez lui en voiture?
Les participants au cours échange en ukrainien, mais une traductrice assure la médiation entre le responsable et les participants.
Ils discutent également des dangers qui peuvent se cacher dans le travail quotidien: par exemple dans les produits de nettoyage toxiques, en coupant les légumes avec des couteaux tranchants ou en portant des assiettes brûlantes.
«Le travail me plaît»
Oksana, qui a déjà trouvé un travail, s’est également inscrite au cours. Elle s’est réfugiée en Suisse il y a trois mois maintenant. Elle travaillait auparavant dans le secteur de la mode dans la capitale ukrainienne.
Maintenant, elle aide au buffet et à la vaisselle dans une auberge de campagne en Emmental (BE). Et quand il y a beaucoup de monde, elle aide aussi à faire les chambres. «Le travail me plaît», témoigne-t-elle.
En attente de permis de travail
En revanche, Galyna n’a pas encore trouvé d’emploi. Elle aussi aimerait bien se lancer dans la restauration à l’avenir. Le cours est une bonne préparation, selon elle.
Elle a trouvé refuge en Suisse en mars dernier et travaillait auparavant comme chef d’équipe dans un bureau de tourisme dans l’ouest de l’Ukraine. «Que je trouve un emploi dans un petit restaurant à la campagne ou dans un grand hôtel, ça m’est égal. Tout m’intéresse.»
De nombreux réfugiés sont dans la même situation que Galyna. Jusqu’à présent, seule une petite partie des Ukrainiens inscrits en Suisse a trouvé un emploi. Dans le canton de Zurich, 1000 réfugiés ont obtenu un permis de travail, pour 10’400 personnes avec le statut de protection S.
«Accéder facilement au travail»
Début juin, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter est passée dans la cuisine de l’auberge Ochsen à Münsingen (BE). Une Ukrainienne y travaille également. Le lieu n’a pas été choisi au hasard, puisque aucun secteur n’emploie autant d’Ukrainiens que l’hôtellerie-restauration. Les restaurants, les bars et les hôtels représentent un bon cinquième des permis de travail délivrés jusqu’à présent.
Lors de sa visite, la ministre de la Justice a également loué l’initiative de l’association Gastro Bern. Celle-ci propose, outre le cours intensif, une plateforme d’emploi pour les Ukrainiens. «L’objectif de l’association est de permettre aux réfugiés d’accéder facilement et sans complications au travail dans la restauration», explique Tobias Burkhalter, président de Gastro Berne.
«Elle s’engage à fond»
La branche en profite également. Le patron d’Oksana qualifie la jeune femme de «coup de chance». Elle a été placée par une connaissance qui l’a accueillie chez elle. «C’est une personnalité motivée, qui n’a pas peur du contact et qui s’investit pleinement», rapporte Michael Kräuchi, directeur du Landgasthof und Seminarhotel Lueg (BE). Oksana a commencé par être payée à l’heure. Entre-temps, elle a obtenu un contrat de travail et souhaite bientôt emménager dans son propre appartement.
(Adaptation par Mathilde Jaccard)