La ministre de la Défense Viola Amherd fait tout son possible. Depuis des semaines, elle s'agite en coulisses afin de dénicher 15 milliards pour l'armée et pour l'Ukraine. Par une loi spéciale, une alliance de centre-gauche de la commission de sécurité du Conseil des États veut garantir 10 milliards de francs supplémentaires pour l'armée et 5 milliards pour la reconstruction de l'Ukraine via un fonds de soutien. Sans tenir compte du frein à l'endettement.
Pour cela, le département de Viola Amherd a par exemple élaboré un argumentaire pour les commissions et les collègues du Conseil fédéral. Et vendredi, elle n'y est pas allée par quatre chemins. Dans une tribune publiée dans les journaux de Tamedia, la présidente de la Confédération a évoqué la dégradation de la situation sécuritaire en Europe: «Nous devons maintenant investir dans notre défense», a-t-elle averti, «il faut fixer des priorités et agir rapidement, avec détermination et responsabilité. Il en va de la sécurité de la Suisse et de l'Europe – et donc de notre avenir». Et ce n'est pas tout.
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Pas une seule voix de l'UDC et du PLR
Un coup médiatique nécessaire, car Viola Amherd et son initiative sont à la peine. Le Conseil fédéral s'oppose clairement au projet, et une nette majorité de la commission des finances du Conseil des États ne veut pas non plus entendre parler du deal. Lundi, le Conseil des États se prononcera sur cet accord de plusieurs milliards – et risque bien de le refuser.
L'UDC et le PLR comptent rejeter le projet à l'unanimité, comme le confirment plusieurs députés. Même deux figures de la gauche s'y opposent, les conseillers aux États PS Pierre-Yves Maillard et Baptiste Hurni, comme CH Media l'avait rapporté en premier. Résultat des courses: Viola Amherd a déjà 20 voix sur 46 contre elle.
Même pas de majorité au Centre
Mais c'est le Centre de Viola Amherd, de loin le groupe parlementaire le plus important au Conseil des États, qui fera pencher la balance. La ministre de la Défense en est également consciente, elle a donc pris les membres du Centre du Conseil des États un par un ces derniers jours afin de les convaincre des bénéfices de cet accord de plusieurs milliards.
«Je ne parlerais pas de forcing», déclare un conseiller aux États du Centre. «Viola Amherd est assez intelligente pour savoir que cela serait plutôt contre-productif chez nous.» La conseillère fédérale fait cependant tout son possible pour gagner du soutien. Sans succès jusqu'à présent. «Le projet n'a aucune chance. Il ne trouvera même pas de majorité au sein du groupe du Centre», affirment les collègues de parti de Viola Amherd.
Pour la ministre de la Défense, c'est un revers. Elle espérait pouvoir remettre l'armée en état le plus rapidement possible grâce à cette injection de plusieurs milliards. Mais la bataille n'est pas encore perdue. En décembre, le Parlement débattra du budget et du plan financier pour les années à venir. Il y aura alors une nouvelle chance d'obtenir davantage de fonds pour l'armée.