Pour de nombreuses personnes souffrant de maladies chroniques, la franchise minimale de 300 francs est un soulagement. C'est le seul montant à payer pour les frais de traitement, auquel s'ajoute éventuellement la quote-part. Mais le Conseil fédéral s'attaque désormais au montant de cette franchise.
Il recommande l'adoption de deux interventions qui demandent une augmentation de la franchise minimale. La conseillère aux États UDC Esther Friedli (SG) et la conseillère nationale UDC Diana Gutjahr (TG) souhaitent ainsi «l'adapter aux conditions réelles».
«Une augmentation des franchises permettrait de faire baisser quelque peu les primes et d'amortir une future hausse des primes», expliquent-elles. C'est maintenant au Parlement de décider.
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Les seniors et les malades chroniques sont concernés
Une augmentation de la franchise minimale aurait des conséquences radicales. Les seniors et les malades chroniques, en particulier, choisissent la franchise la plus basse parce que cela en vaut la peine pour eux.
Les chiffres le montrent: plus l'âge est élevé, plus la part de ceux qui ont une franchise minimale est importante. Près de la moitié des 61-65 ans ont choisi la franchise à 300 francs, ils sont même (largement) plus de la moitié dans les classes d'âge supérieures. Mais la franchise minimale est également appréciée par les plus jeunes, malgré les primes élevées.
Les chiffres montrent également que la plupart choisissent soit la franchise la plus élevée, soit la franchise la plus basse. Cela est judicieux: pour ceux qui ne doivent que rarement aller chez le médecin et qui sont financièrement confortables, une franchise de 2500 francs – le maximum – est généralement la plus avantageuse.
«On ne peut pas soudainement prendre moins de médicaments»
Simon Wieser, économiste de la santé à la ZHAW, ne pense pas que les coûts de la santé baisseront de manière significative en raison de la franchise minimale plus élevée.
«Les personnes qui prennent la franchise la plus basse ont en général de toute façon des coûts de santé élevés – on ne peut donc pas soudainement prendre moins de médicaments», explique-t-il.
«La franchise est en général entièrement utilisée. Désormais, les personnes concernées devront donc payer elles-mêmes une plus grande partie. Les coûts de la santé ne font alors que se déplacer», rajoute Simon Wieser.
Pour les caisses-maladie, les coûts devraient légèrement baisser, mais les primes à peine – «elles augmenteront peut-être seulement un peu moins».
«Irresponsable du point de vue de la politique sociale»
L'économiste de la santé Heinz Locher estime lui aussi qu'une augmentation de la franchise minimale est «irresponsable du point de vue de la politique sociale et inefficace du point de vue de la politique de la santé», comme il le dit dans une interview accordée au portail spécialisé Universimed.
Cela désavantagerait ceux qui «sont déjà négligés par le système». Il serait plus intelligent de mieux informer les gens.
La décision n'est cependant pas définitive. Après les recommandations du Conseil fédéral, les interventions vont être soumises au Parlement. Et là, une résistance est prévue.
Les franchises des enfants, qui sont le plus souvent à zéro franc, ne sont d'ailleurs pas concernées par l'adaptation proposée.