Pierre-Yves Maillard réagit à ce revirement
Santésuisse se dit aujourd'hui pour Efas, mais avait examiné un soutien au référendum en 2023

L'association de caisses maladie Santésuisse se dit aujourd'hui favorable au projet de réforme Efas. Pourtant, l'organisme avait considéré soutenir un référendum s'y opposant. Une enquête de Blick montre les désaccords qui ont éclaté en coulisses.
Publié: 14:00 heures
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Le conseiller national du Centre Martin Landolt est président de Santésuisse, et se positionne aujourd'hui pour Efas. Pourtant, son association avait considéré un référendum contre la réforme en 2023.
Photo: keystone-sda.ch
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Raphael Rauch

Dimanche 24 novembre, les électeurs voteront sur le financement uniforme de toutes les prestations de santé ambulatoires et hospitalières (Efas). La ministre de la Santé socialiste Elisabeth Baume-Schneider veut ainsi éliminer les mauvaises incitations dans le système de santé. Les syndicats, en revanche, s'attendent à une hausse des primes et rejettent le projet. La gauche est toutefois divisée sur cette question. Les directeurs cantonaux de la santé du PS sont favorables à Efas, et la cheffe du PS Mattea Meyer a voté pour Efas au Parlement, alors qu'officiellement, le PS se positionne contre.

A l'instar du parti de gauche, une enquête de Blick montre que Santésuisse, l'organisation de la branche de l’assurance-maladie sociale, est également divisée en coulisses. Pendant longtemps, l'association a combattu la mise en œuvre d'Efas au Parlement. En 2023, Santésuisse avait mis en garde contre une augmentation des coûts pour les payeurs de primes. Une conférence de presse devait même avoir lieu après une séance de commission au Conseil national, au cours de laquelle la question du référendum devait être abordée.

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Le positionnement des assureurs en faveur d'un référendum ne serait pas compris par les parlementaires bourgeois et pourrait nuire durablement à une collaboration fructueuse.
Conseil d'administration de Santésuisse
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Mais cela n'a pas eu lieu. Au printemps 2024, le conseil d'administration de Santésuisse a annoncé: «Le référendum a été lancé par un syndicat. Le positionnement des assureurs en sa faveur n'aurait pas été compris par les parlementaires bourgeois et pourrait nuire durablement à une collaboration fructueuse», peut-on lire dans un extrait de procès-verbal que Blick s'est procuré.

Comment en est-on arrivé à ce revirement?

Martin Landolt, qui a été conseiller national du Centre jusqu'en 2023, est président de Santésuisse. Pour le conseil d'administration, le fait que le Parlement ait finalement formulé clairement des conditions pour l'intégration des soins a convaincu l'association. Mais pourquoi Santésuisse a-t-elle flirté avec un référendum?

Pour Martin Landolt, cela fait partie des jeux de pouvoir qui animent Berne: «Nous avons réfléchi à un référendum qui n'était finalement pas indispensable. Pour nous, les avantages d'Efas l'emportent sur les inconvénients. C'est pourquoi je soutiens personnellement ce projet.» 

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Les assureurs savent qu’Efas fera augmenter les primes. Mais ils préfèrent préserver leurs alliés au parlement plutôt que de soutenir le référendum.
Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse
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Pour Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse qui a participé à lancer le référendum contre Efas, cette augmentation et le positionnement de Santésuisse ne passent pas: «Les assureurs savent qu’Efas fera augmenter les primes. Mais ils préfèrent préserver leurs alliés au Parlement plutôt que de soutenir le référendum. Il reste au peuple à refuser cette mauvaise réforme.» 

En effet, Santésuisse admet s'attendre à une hausse des primes: «L'intégration du financement des soins est un facteur de hausse des coûts qui pèsera sur les assurés. C'est pourquoi le Parlement a formulé des conditions claires qui doivent être remplies.» Santésuisse n'est pas en mesure de dire à quel point les primes augmenteront: «Dès que des données uniformes et transparentes sur les coûts venant des organisations de soins seront disponibles, les conséquences pour les payeurs de primes seront calculables. Les soins de longue durée présentent depuis toujours une énorme part des coûts, ce qui augmentera encore la croissance déjà forte des primes.»

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