Les augmentations se succèdent au fil des années et pèsent douloureusement sur le budget des ménages. 2024 ne sera pas une exception, comme chacun d’entre nous l’a constaté en recevant ces jours les nouvelles cotisations. L’une des raisons de cette croissance réside dans les incitations erronées de notre système de santé. Nos prestations en matière de santé sont bonnes. Mais le système est malade car trop coûteux et trop compliqué. Il conduit à des aberrations.
Par exemple: si vous êtes opéré d’une hernie inguinale de manière ambulatoire, c’est-à-dire sans une nuit d’hôpital, elle coûtera 2000 francs de moins qu’en stationnaire. Pour une opération du ménisque la différence est même triple. Or ces économies ne profitent pas aux assurés. C’est inacceptable. Pourquoi une telle absurdité?
Les traitements ambulatoires sont entièrement payés par les primes des assurés, et donc en grande partie par les assurances. Les traitements hospitaliers par contre, plus chers, sont cofinancés pour moitié environ par les cantons. Concrètement: le traitement stationnaire, plus coûteux, est moins cher pour les assurances et plus lucratif pour les hôpitaux. Conséquence, la Suisse a un taux de prise en charge ambulatoire plus faible que d’autres pays voisins. Ce qui fait grimper nos primes.
440 millions d'économie par an
Il est donc temps de corriger le système. C’est ce que vise le financement uniforme des prestations de santé ambulatoires et stationnaires (EFAS) qui sera soumis au peuple le 24 novembre. Cette réforme va renforcer la médecine ambulatoire et les soins tout en contribuant à une réduction des coûts. La Confédération estime le montant des économies à 440 millions par an. Qui viendront soulager la facture des assurés dès 2028.
Le financement uniforme est le fruit d’un compromis entre tous les partenaires de la santé. Il a été fait dans l’intérêt des patients. Il favorise la coordination entre les médecins, les pharmaciens, les thérapeutes, les services d’aide et de soins à domicile, les hôpitaux et les établissements médico-sociaux. Il permettra ainsi d’éviter des doublons et des actes inutiles qui pourrissent la vie de nos fournisseurs de prestations et coûtent cher aux assurés. Grâce à cette réforme, il sera possible non seulement d’alléger le travail du personnel de la santé (qui est en sous-effectif grave et fortement mis sous pression) mais aussi de mieux d’affecter les ressources à l’accomplissement de leurs tâches.
Et non, les assurances ne prendront pas le contrôle de notre système de santé. Bien au contraire. Elaborée pendant 14 ans de travaux intensifs par le Parlement, cette révision est aussi attendue qu’équilibrée. Avec ces nouvelles mesures, les primes ne pourront plus augmenter plus vite que les coûts. Ne ratons pas une opportunité historique de freiner la spirale infernale de la hausse des primes. Car notre pouvoir d’achat est déjà suffisamment plombé. Pour toutes ces raisons, je dirai oui le 24 novembre prochain au financement uniforme des prestations de santé ambulatoires et stationnaires.