Personnel isolé, magasins clos
Face aux quarantaines, les commerçants tremblent pour leur existence

Les fleuristes, les salons de coiffure et autres PME manquent cruellement de personnel. Les quarantaines et isolements éclaircissent la force de travail. Seront-ils indemnisés?
Publié: 11.01.2022 à 06:16 heures
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Dernière mise à jour: 11.01.2022 à 11:30 heures
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Nino Colonna doit faire face à des pertes de personnel à cause d'Omicron.
Photo: Pascal Scheiber
Sarah Frattaroli

Les vitrines restent éteintes: «fermé pour cause de maladie», peut-on lire sur la porte d'un magasin de plantes et de fleurs de la ville de Zurich. «La moitié de mes employés est en isolement. Je ne pouvais tout simplement plus faire autrement», confirme la propriétaire et gérante, interrogée par Blick.

Elle souhaite rester anonyme, comme beaucoup d'autres petites entreprises qui ont dû fermer par la force des choses, faute de personnel. Le thème des pertes de personnel dues à Omicron est délicat, politiquement chargé, selon la propriétaire du magasin de fleurs. Plus de 100'000 personnes sont actuellement isolées. Et ce nombre augmente chaque jour. La vague Omicron apporte à la Suisse plus de 30'000 nouvelles contaminations par jour.

Cela se répercute surtout sur les PME. Jusqu'à présent, ce sont les restaurants et les hôtels de montagne qui étaient touchés par les fermetures. Désormais, le problème s'étend à d'autres secteurs. «Plus l'entreprise est petite, plus c'est dramatique», explique Roland M. Rupp, président de l'Association suisse des PME. «Dans une entreprise de trois personnes, une seule défection suffit à tout faire dérailler». Ce genre de cas arrivent quotidiennement aux oreilles de Roland Rupp. Dans le bâtiment et l'industrie des machines, par exemple, les commandes doivent être repoussées, ce qui entraîne parfois des pénalités. Mais personne ne veut en parler ouvertement. «Les entreprises ont peur que les clients soient déstabilisés et qu'ils fassent faux bond».

«J'ai peur de perdre des clients»

«Nous, les employeurs, devons faire les frais des images d'Adelboden (les foules en liesse pour accueillir Marco Odermatt après sa deuxième place au Géant, ndlr.)»
Nino Colonna assume tant bien que mal ses problèmes de personnel. Avec son salon de coiffure Glanz & Gloria, il gère cinq filiales dans le canton de Berne. Six de ses 17 employés sont actuellement absents. «Si cela continue ainsi, tous mes collaborateurs seront bientôt chez eux avec un test positif. Dans certaines succursales, je n'ai plus qu'une personne en service», raconte le coiffeur. «Cette personne doit teindre les cheveux d'une cliente et en même temps prendre de nouveaux rendez-vous et repousser ceux qui existent déjà». Il n'est pas certain que sa clientèle lui reste fidèle. Qui veut attendre des semaines pour une coupe de cheveux? «J'ai peur de perdre des clients à cause de tout ce chaos», dit Nino Colonna.

D'ici une semaine, la situation du personnel dans ses magasins devrait s'améliorer. À condition que d'autres collaborateurs ne soient pas absents d'ici là. Ceux qui travaillent encore actuellement ont un test négatif. Dans l'entreprise, il existe des concepts de protection, les coiffeurs et les coiffeuses portent toujours des masques.

L'Union suisse des arts et métiers (USAM), dirigée par Hans-Ulrich Bigler, veut réduire la quarantaine à cinq jours, voire la supprimer complètement, afin d'aider les artisans comme Nino Colonna. «Mais ce sont les experts en santé publique qui doivent juger de ce qui est vraiment possible», tempère le lobbyiste. Il souligne en outre que «les PME maintiennent leur activité aussi longtemps que possible. Elles ne se plaignent pas, mais cherchent des solutions».

«Je ne suis pas parti en vacances en dix ans»

Le problème est que beaucoup de PME n'ont pas beaucoup de marge de manœuvre. Dans le cas de Nino Colonna, les pertes de chiffre d'affaires qui menacent sont considérables. Une fermeture d'une semaine lui coûterait plusieurs dizaines de milliers de francs. «Qui va me rembourser?», s'énerve-t-il. Il demande à l'État de débloquer des fonds. «Je ne suis pas parti en vacances depuis dix ans, j'ai tout investi dans mon entreprise. C'est l'œuvre de ma vie - et maintenant tout s'écroule! Cela me fait peur et me donne des nuits blanches».

Il est particulièrement inquiet pour ses employés. «Ils sont pour moi comme une famille. Ils ont proposé de renoncer à 50 pour cent de leur salaire. Mais ça ne peut pas être la solution!» Le sort des PME sera fixé mercredi. Le Conseil fédéral doit se réunir pour sa prochaine séance et discutera d'une éventuelle réduction de l'isolement et de la quarantaine.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)


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