En Suisse, la pénurie de main-d'œuvre qualifiée s'aggrave. Selon une étude publiée mardi par le cabinet de conseil Oliver Wyman et l'organisation Allianz Chance+, il manquera plus de 300'000 spécialistes d'ici 2035.
Une grande partie de la main-d'œuvre manquante pourrait toutefois être comblée en encourageant les talents socialement défavorisés. La valorisation de ces talents pourrait se faire tant à l'école que dans l'insertion en entreprise.
En outre, l'étude chiffre pour la première fois les coûts économiques de ce gaspillage de talents: 14'000 jeunes professionnels échappent chaque année à la Suisse. Ce qui coûterait jusqu'à 29 milliards de francs.
«Les chiffres montrent pour la première fois qu'il ne s'agit pas seulement de quelques cas isolés. Cela affecte toute notre économie», déclare Jürg Schoch, président d'Allianz Chance+. Son organisation gère des programmes de soutien et d'insertion dans plusieurs écoles.
Les jeunes d'origine étrangère sont sous-estimés
«En Suisse, il y a beaucoup de jeunes qui sont sous-estimés. Surtout ceux issus de familles touchées par la pauvreté ou d'origine étrangère», explique Jürg Schoch. «Ils ont pourtant le potentiel, l'intelligence et la volonté d'aller loin.»
L'étude montre également que des problèmes structurels du milieu éducatif réduisent considérablement les chances des élèves issus de milieux «en marge du système».
Ainsi, 1066 adolescents et jeunes adultes ont été interrogés sur leur scolarité et leur formation. Les résultats montrent qu'un tiers se sent trop peu soutenu, malgré de bons résultats scolaires, et a des difficultés à trouver un emploi.
Tous ces jeunes considèrent également que le financement de leur formation est difficile. «Pour nous, ces résultats ne sont pas surprenants», déclare Jürg Schoch. Selon lui, «il y a une sélection par la langue».
L'étude doit maintenant contribuer à sensibiliser les autorités au fait que l'injustice en matière de formation en Suisse n'est pas seulement un problème marginal, mais un facteur économique important.