L'UDC agace l'Union patronale
«Moins d'immigration signifie une baisse de la qualité de vie»

L'UDC veut limiter l'immigration avec une nouvelle initiative. Les associations économiques s'y opposent fermement. Leur argument est le suivant: sans immigration, il n'y aurait pas de prospérité.
Publié: 27.06.2023 à 06:15 heures
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Dernière mise à jour: 27.06.2023 à 06:48 heures
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Valentin Vogt, président de l'Union patronale suisse: «Moins d'immigration signifie une baisse de la qualité de vie.»
Photo: Zamir Loshi
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Robin Bäni

«Il y a trop d'étrangers qui arrivent et ce ne sont pas les bons.» Ces propos de l'UDC sonnent comme une déclaration de guerre. Les membres du parti le répètent à chaque occasion. Dès samedi prochain, les choses sérieuses commenceront pour l'Union démocratique du centre qui lancera son initiative pour le «développement durable».

L'initiative vise à freiner la croissance démographique. Selon l'UDC, une limite de dix millions de personnes doit être appliquée d'ici à 2050. Si la population résidente permanente augmente au-delà de ce seuil, la Confédération serait contrainte d'agir. Elle devrait ainsi révoquer tous les accords internationaux qui contribuent à la croissance démographique – dont la libre circulation des personnes avec l'UE.

Alerte chez les associations économiques

Pour les associations économiques, c'est une mauvaise nouvelle. À ce sujet, le président de l'Union patronale suisse, Valentin Vogt est clair: «Moins d'immigration signifie une baisse de la qualité de vie.» Lors d'une récente conférence de presse, il a tenté de couper l'herbe sous le pied de l'initiative de l'UDC – en évoquant la pénurie de main-d'œuvre.

Un million de baby-boomers partiront à la retraite dans les dix prochaines années. D'ici 2030, il manquera un demi-million de travailleurs en Suisse. C'est ce qu'affirme une étude Deloitte. Un tableau sombre qui inquiète Valentin Vogt: «Les restaurants passent au self-service. L'horaire cadencé des chemins de fer est allégé. Vous attendez pendant des mois qu'un artisan vienne réparer la chasse d'eau chez vous.»

Les étrangers allègent la charge de travail

C'est pourquoi il est clair pour lui que la Suisse ne doit pas mettre fin à l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'UE – bien au contraire. Il faut continuer à le développer. C'est également ce que demande l'organisation faîtière Economiesuisse. Son président, Christoph Mäder, déclare: «Le potentiel de main-d'œuvre en Suisse ne suffit tout simplement pas pour qu'une forte création de valeur puisse être générée uniquement par les nationaux.» La libre circulation des personnes, en particulier, aide considérablement. En outre, 80% des immigrés s'intègrent immédiatement dans le marché du travail.

En conséquence, les associations économiques luttent contre l'initiative de l'UDC. Mais elles soulignent en même temps que l'immigration seule ne suffit pas à relever les défis sur le marché du travail. C'est pourquoi les associations demandent d'autres mesures. Blick a résumé leurs principales revendications.

Travailler plus longtemps

Les associations économiques la qualifient de «solution la plus efficace», bien qu'elle soit très controversée sur le plan politique: travailler plus longtemps. Si l'âge de la retraite était relevé, la population active augmenterait. En même temps, la charge des dépenses de l'AVS serait réduite. Il faudrait en outre supprimer les dispositifs qui rendent le travail au-delà de l'âge de la retraite peu attractif.

Mieux exploiter le potentiel en Suisse

L'Union patronale suisse propose de favoriser la conciliation entre vie familiale et professionnelle. Il faut ainsi créer suffisamment de places d'accueil pour les enfants. Concrètement, cela signifie davantage de crèches et d'écoles en horaire continu. Pour alléger encore la charge de travail, l'association estime que les réfugiés devraient être mieux accueillis sur le marché du travail. Et pour augmenter le nombre général d'heures de travail, plusieurs dispositifs doivent à leur tour être passés en revue. Par exemple, en prenant en compte la progressivité de l'impôt et le coût élevé de la garde des enfants, il se peut qu'un temps de travail plus important des parents réduise le revenu familial.

Moins de postes à l'État

L'État a embauché beaucoup de personnel ces dernières années. Les associations économiques voient cela d'un mauvais œil. Selon elles, cela aggraverait la pénurie de main-d'œuvre. C'est pourquoi il faut freiner la croissance des postes au sein de l'État. La classe politique doit freiner ces embauches et planifier ses futurs renoncements.

Augmenter la productivité

Pour les associations économiques, le calcul est simple: plus la productivité augmente, plus les salaires, les déductions salariales et les impôts augmentent. Tout cela permettrait de freiner les effets négatifs de l'évolution démographique. C'est pourquoi la Suisse doit tout mettre en œuvre pour maintenir et améliorer de bonnes conditions et de bons cadres pour les entreprises. Ce n'est que de cette façon qu'il sera possible d'être à la pointe de l'innovation – et donc de rendre l'impact de l'évolution démographique supportable.

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