La Suisse à 10 millions d'habitants! Il s'agit encore d'un terme politique de combat, mais le pays se rapproche chaque année un peu plus de ce chiffre. L'année dernière, la population résidente permanente a augmenté de plus de 70'000 personnes pour atteindre 8,8 millions d'habitants. Et cette année encore, la tendance est à la hausse.
La Confédération doit maintenant se préparer à un scénario futur de 10 millions d'habitants. Le Conseil national a en effet transmis une intervention en ce sens de la conseillère nationale Verte libérale Judith Bellaïche.
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Elle y demande un rapport sur les chances et les défis que représenterait une Suisse de 10 millions d'habitants. L'accent doit être mis sur une «vision positive». Le rapport doit donc présenter des solutions, des objectifs de planification et des mesures concrètes qui permettraient de maîtriser un tel scénario démographique – par exemple en ce qui concerne les infrastructures, les soins de santé ou le logement.
Le Conseil fédéral n'est pas le seul à soutenir la proposition, une nette majorité du Conseil national l'a également fait par 122 voix contre 62. Du PLR aux Vert-e-s, le soutien a été important. Après tout, on veut seulement savoir ce qui pourrait arriver en Suisse.
L'UDC contre-attaque
Mais l'UDC n'est pas de cet avis. Le parti s'est opposé en bloc à la démarche de «10 millions de Bellaïche», le surnom donné à Judith Bellaïche par le parti de droite. «La volonté du peuple et des cantons est de maîtriser la croissance de la population – et non de la présenter de manière positive», a fait valoir le conseiller national UDC Gregor Rutz (ZH) en référence au oui à l'initiative contre l'immigration de masse de 2014. Les électeurs s'étaient prononcés en faveur d'une gestion autonome de l'immigration – «la mesure la plus importante pour éviter une Suisse de 10 millions d'habitants».
L'UDC contre-attaque maintenant avec sa propre intervention. Elle a déposé une motion de groupe dans les deux chambres, dans laquelle elle demande au Conseil fédéral de présenter «dans un délai de six mois» un nouveau projet de mise en œuvre de l'initiative contre l'immigration de masse. Celui-ci doit contenir une «gestion autonome de l'immigration des étrangers par des nombres maximums annuels et des contingents».
Gregor Rutz défendra cette revendication au Parlement en tant que porte-parole du groupe. Depuis 2002, 1,4 million de personnes ont immigré en chiffres nets, déplore-t-il. Et malgré cet afflux, Economiesuisse et d'autres associations se plaignent d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. «Manifestement, la libre circulation des personnes nous a permis d'avoir trop d'immigrés et les mauvais», conclut Gregor Rutz.
Mais l'UDC ne compte pas se reposer uniquement sur le Conseil fédéral et le Parlement. Dès le mois de juillet, le parti lancera une nouvelle initiative populaire visant à freiner l'immigration. Sous le slogan «Pas de Suisse à 10 millions», l'initiative demande que la Suisse ne dépasse pas le seuil de 10 millions de résidents permanents d'ici 2050.