Jeudi soir, le ministre de la Santé Alain Berset était en position de faiblesse. Il semblait que les durcissements qu'il prévoyait - 2G, 2G+ et obligation de télétravail - auraient du mal à passer au Conseil fédéral. Au total, quatre co-rapports d'autres départements auraient atterri sur son pupitre.
Mais au final, seul le ministre des Finances Ueli Maurer se serait prononcé contre les durcissement des mesures proposés. À noter que Maurer est critique à l'égard des mesures depuis le début de la pandémie, et n'a pas fait exception cette semaine.
Omicron a fait pencher la balance
Lors de la réunion du Conseil fédéral, Berset aurait une nouvelle fois insisté sur le fait qu'une situation épidémiologique légèrement plus stable qu'il y a quelques semaines ne signifiait pas une amélioration générale, en raison du variant Omicron.
Même si Omicron ne semble pas provoquer une évolution de la maladie aussi grave que Delta – sans certitudes cependant —, les hôpitaux pourraient de nouveau se heurter à un mur, car il est plus contagieux et beaucoup plus de personnes seront contaminées. D'autant plus que même les personnes vaccinées semblent moins protégées contre ce nouveau variant.
Lors de la conférence de presse, Berset a déclaré que de nouveaux détails connus sur Omicron avaient incité le Conseil fédéral à agir. L'alternative aurait été de ne rien faire. «Mais avec une assez grande certitude qu'il aurait fallu réagir plus tard avec des mesures beaucoup plus drastiques».
De son côté, la ministre de la Défense Viola Amherd aurait fait remarquer que ce paquet de mesures était tout de même très compliqué, et que son effet véritable sur le nombre de cas était douteux. Ne faudrait-il pas aller plus loin? En miroir à son homologue Maurer, elle n'a pas non plus réussi à s'imposer.
Marchandage autour de la 2G
Un argument plus important a été avancé par le président de la Confédération Guy Parmelin: l'obligation de travailler à domicile et surtout l'introduction de la 2G+ pénaliseraient les personnes vaccinées - précisément celles qui ont toujours tout fait pour endiguer la pandémie. Les obliger à faire des tests pourrait avoir un effet contre-productif sur leur moral.
Une question qui aurait également préoccupé le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis et la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter. La 2G+ a été le point d'achoppement qui a fait l'objet du plus grand nombre de débats.
Le booster rapide comme solution
Seule la solution du booster a apparemment permis de trouver un accord. Lors de la conférence de presse, Alain Berset a annoncé, à la surprise générale, que le délai à observer entre la 2ème et la 3ème dose de vaccin serait réduit de six à quatre mois.
Keller-Sutter, Cassis et Parmelin avaient approuvé la 2G+ à condition que les personnes récemment vaccinées ou boostées ne soient pas obligées de passer par la case test avant d'aller nager ou de danser en boîte de nuit.
(Adaptation par Daniella Gorbunova)