Revue de presse
«Un Noël sous de tristes auspices» en Suisse

Si la plupart des médias se montrent compréhensifs sur les mesures prises vendredi par le Conseil fédéral pour lutter contre la 5e vague de Covid-19, ils estiment que certaines restrictions sont des «couleuvres à avaler». Noël s'annonce «sous de tristes auspices».
Publié: 18.12.2021 à 07:32 heures
La presse suisse se montre compréhensive par rapport aux nouvelles mesures prises par le Conseil fédéral pour lutter contre le Covid-19 (archives).
Photo: CHRISTIAN BEUTLER

«La vie des non-vaccinés s'avérait déjà peu chatoyante, elle deviendra franchement désagréable dès lundi», avec la généralisation de la règle dite des 2G (de l'allemand geimpft et genesen, soit vacciné et guéri en français), estime la «Tribune de Genève». «Adieu les sorties, les restaurants, les fêtes de Noël à plus de dix».

Si cette «thérapie de choc» était nécessaire «pour casser la cinquième vague et éviter une catastrophe sanitaire», le Conseil fédéral «risque [...] de radicaliser encore les antivaccins». Il devra également «faire très attention à l'exaspération qui monte. Les décisions annoncées vendredi se justifient en tant que mesures d'exception. Sur la durée, elles sont simplement intenables».

En effet, la règle des 2G est une «couleuvre que doit avaler l'économie», juge Le «Temps». «Présentée comme une solution destinée à éviter de nouvelles fermetures, cette restriction va inévitablement asphyxier davantage des centaines d'entreprises [...] usées par des mois de vaches maigres».

Une ligne rouge franchie

A cela s'ajoute le télétravail. «En renvoyant des centaines de milliers de travailleurs et travailleuses à domicile pour en tout cas cinq semaines, le Conseil fédéral a franchi la ligne rouge que les milieux économiques avaient dessinée il y a quelques jours», ajoute le journal lémanique.

Il doit maintenant se montrer à la hauteur avec le nouveau dispositif d'aides pour les cas de rigueur en 2022, sur lequel planche son administration, poursuit «Le Temps», «car des jours de vacances non indemnisés aux rigides plafonds des soutiens, les mécanismes élaborés dans la précipitation en 2020 dévoilent aujourd'hui leurs failles et leurs limites».

Si la stratégie du Conseil fédéral «a l'avantage d'éviter [...] un confinement généralisé», elle durera au moins jusqu'au 24 janvier, note «La Liberté». «Noël s'annonce donc sous de tristes auspices», surtout quand on sait que le Covid-19 est un sujet qui déchire certaines familles. «La population doit à présent faire le dos rond en attendant des jours meilleurs», ajoute le quotidien fribourgeois.

Pour la «Schweiz am Wochenende», si la règle dite des 2G exclut les non-vaccinés de la vie sociale, elle se justifie. «Nous nous trouvons dans la plus grande crise sanitaire depuis cent ans». Chaque personne doit donc assumer ses choix et les 2G doit empêcher un confinement, poursuit-elle.

Le «Tages-Anzeiger» salue lui l'exécutif fédéral pour n'avoir jamais capitulé ni devant les «Cassandres du coronavirus» ni devant les «opposants aux mesures». «Le Conseil fédéral a toujours choisi la voie du milieu hésitante, même s'il n'a jamais reçu de fleurs pour cela». Après 20 mois de crise sanitaire, il reste prudent «pour que nous assumions à nouveau tous davantage de responsabilités». «Le Conseil fédéral, c'est nous. Agissons en conséquence».

La radio-télévision publique alémanique SRF se montre plus sceptique. «Ces seules mesures ne devraient pas suffire», affirme-t-elle. Les cantons se retrouvent ainsi mis au défi: «D'une part, les cantons doivent rapidement augmenter les capacités de vaccination afin de freiner la propagation du variant Omicron [...] et, d'autre part, ils doivent rapidement décider du report des interventions électives».

Le son de cloche est tout autre à la «Neue Zuercher Zeitung», qui estime que le Conseil fédéral «a perdu le fil». Les mesures prises signifient un «nouvel arrêt pour la restauration» et «une vaccination obligatoire de facto pour les jeunes». «Au lieu des 2G contre les non-vaccinés, les 3B auraient dû être annoncés depuis longtemps: 'booster, booster, booster' pour tous ceux qui souhaitent» recevoir une dose de rappel, lâche le quotidien zurichois.

(ATS)

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