Médecin aux HUG
«Nos jeunes patients en soins intensifs ont de lourdes séquelles»

Le médecin-chef genevois Martin Tramèr explique les conséquences dramatiques d'un séjour aux soins intensifs, y compris pour de jeunes patients Covid non-vaccinés. Il se perd en conjectures sur le scepticisme autour du vaccin et de la situation dans les hôpitaux.
Publié: 18.12.2021 à 09:47 heures
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Dernière mise à jour: 18.12.2021 à 11:24 heures
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Martin Tramèr, de l'Hôpital universitaire de Genève, raconte à quel point les conséquences d'une grave maladie Covid peuvent être dramatiques pour les jeunes.
Photo: Luisa Ita
Fabian Vogt

Actuellement, il y a deux groupes de patients Covid aux soins intensifs des Hôpitaux universitaires genevois (HUG): des patients âgés, jusqu'à 80 ans maximum, vaccinés deux fois mais qui n'ont pas encore eu accès au booster. Et les plus jeunes, certains âgés de 30 ans, qui ne sont pas protégés du tout contre le coronavirus. C'est ce que déclare Martin Tramèr, médecin-chef du service d'anesthésie des HUG, dans une vidéo pour la version alémanique de «20 minutes».

Le médecin ne cache pas son incompréhension pour les non-vaccinés: «c'est quand même un phénomène: nous avons un vaccin qui est absolument efficace et sûr. Qui a été administré des centaines de millions de fois. Et il y a des gens qui disent qu'ils n'en veulent pas».

Le Suisse alémanique d'origine se perd en conjectures: «ces personnes pensent peut-être que le virus ne peut avoir de conséquences graves chez elles», suppose-t-il. Et pourtant: en cas d'évolution grave de la maladie, les séquelles peuvent être lourdes: «nous avons des jeunes gens qui restent pendant des semaines dans un lit d'hôpital et sont ventilés (respiration artificielle, ndlr.). Lorsqu'ils sont extubés au bout de quatre semaines de narcose complète, il ne faut pas croire qu'ils pourront simplement se lever et rentrer chez eux.» Au réveil, ils auront d'importantes lésions pulmonaires ainsi que d'autres dommages, et devront subir une rééducation.

«Nos mises en garde ne servent à rien»

Martin Tramèr se demande si l'on n'aurait pas pu mieux faire connaître la maladie aux gens: «la maladie reste invisible pour beaucoup. On ne voit pas les malades. Personne n'est couché dans les bas-côtés de la route avec des bubons noirs. Personne ne crache du sang dans les rues. Dès lors, nos avertissements et nos mises en garde ne servent à rien.»

Il ne connaît pas de remède miracle à ce problème. «On ne peut pas ouvrir l'hôpital pour des visites guidées, ce n'est pas un zoo. Mais il faudrait pouvoir emmener les gens au service des soins aigus, où les patients ont des problèmes respiratoires. Ensuite, ils passeraient aux soins intensifs, puis aux soins intermédiaires, où la situation est encore plus impressionnante, car ils sont conscients, avec des masques, des casques, des tuyaux partout... », projette Martin Tramèr. «Il aurait fallu y faire participer tous les politiciens. Mais hélas, on ne peut pas en faire un spectacle».

Même s'il a une opinion claire sur la vaccination, il est également clair pour le médecin que l'on ne peut pas faire de différence entre les personnes vaccinées et non vaccinées dans les soins: «il n'en est absolument pas question».

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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