Un commentaire de Richard Werly
Non, Alain Berset ne risque pas de perdre à cause de Macron!

L'idée selon laquelle l'ancien Conseiller fédéral pourrait pâtir de la situation politique française lors du choix du secrétaire général du Conseil de l'Europe ne tient pas. La solidarité des pays de l'Union européenne comptera bien plus, estime notre journaliste.
Publié: 25.06.2024 à 10:37 heures
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Dernière mise à jour: 25.06.2024 à 11:11 heures
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Alain Berset est candidat pour la première fois au poste de secrétaire général du Conseil de l'Europe.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ainsi donc, l’éventuelle non élection d’Alain Berset au poste de Secrétaire général du Conseil de l’Europe ce mardi serait attribuable à… Emmanuel Macron! Le raisonnement, repris par différents médias suisses, est d’une simplicité et d’un raccourci déconcertant.

On résume: puisque le locataire de l’Élysée a décidé, le 9 juin, de dissoudre l’Assemblée nationale, l’ancien Conseiller fédéral socialiste ne pourra pas compter, comme prévu, sur les voix des 24 députés français qui siègent normalement à l’Assemblée parlementaire. Attention danger! La raison d’un éventuel échec se trouverait chez nos turbulents voisins, en pleine campagne électorale pour leurs législatives anticipées.

Arrêtons ces histoires. Et remettons les choses en place. L’Assemblée nationale et le Sénat français envoient respectivement 24 et douze élus à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dont le siège se trouve à Strasbourg. 36 voix sont dès lors en jeu, sur un total de 612 parlementaires et suppléants, et 306 voix susceptibles de s'exprimer (une voix par élu, qu’il soit titulaire ou suppléant). Pointer du doigt la France et son tumulte politique n’a dès lors aucun sens.

D’abord parce que le contingent français n’a guère les moyens de faire basculer le vote. Ensuite parce que le vrai rapport de force pour obtenir une majorité absolue de suffrages se trouve ailleurs: entre les 27 pays membres de l’Union européenne et les 19 autres, en sachant que la Russie a été exclue de l’organisation en mars 2022.

A vos calculettes!

Alain Berset et les siens doivent, avant de pointer du doigt les éventuels fautifs d’une défaite helvétique, reprendre leurs calculettes. Rien ne sert de distiller dans les médias des accusations déguisées contre une France qui (une fois, encore croit-on entendre), n’est pas en mesure de tenir ses promesses.

La vérité est simple: le principal adversaire d’Alain Berset, l’actuel commissaire européen à la Justice, le Belge Didier Reynders, revient à la charge après avoir été battu en 2019 par la Croate Marija Pejčinović Burić. Pour lui, cette seconde chance sera la dernière. Et la logique veut que les pays membres de l’Union européenne votent ensemble, surtout dans le contexte d’un continent éprouvé et divisé par la guerre en Ukraine.

Pas de larmes, une réflexion

Arrêtons de larmoyer! Posons-nous, avant le vote de ce mardi, la seule question qui vaille: la Suisse a-t-elle les arguments pour défendre la candidature de son ancien président? Est-elle handicapée par sa condamnation pour inaction climatique, le 9 avril dernier, par la Cour européenne des droits de l’Homme qui dépend du Conseil de l’Europe? Est-elle encore capable d’être un facilitateur de paix alors que la récente conférence du Bürgenstock sur l’Ukraine est apparue comme le sommet de la coalition anti-Russie?

Alain Berset le sait, et s'il remporte la partie (ce qu'on lui souhaite), sa victoire n'en sera que plus belle. Même s’il le voulait, Emmanuel Macron n’aurait de toute façon eu qu’un effet marginal sur le vote des parlementaires français, répartis selon les groupes politiques de l’Assemblée et du Sénat. Il faudra d’ailleurs voir, ce mardi, qui sera présent et qui votera parmi les élus tricolores.

Le souvenir de l'OCDE

On notera en revanche que, juste avant le vote de ce mardi au Conseil de l’Europe, le vice-président de la Commission européenne Maroš Šefčovič a renoncé à venir prochainement en Suisse. Le vrai sujet reste toujours le même. On l’avait vu en 2021 lors de l’échec de Philip Hildebrand, candidat au poste de secrétaire général de l’OCDE et lâché par les Européens dans la dernière ligne droite.

Posons-nous plutôt cette question: Pourquoi les 27 pays membres de l’Union voteraient-ils pour un ancien ministre helvète, alors qu’ils ont un porte-drapeau et que soutenir la Suisse dans les instances internationales ne leur rapporte (presque) rien?

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