Opinion d'Antoine Hürlimann
Il faut sauver le prof vaudois qui fait du porno!

Puritanisme ambiant oblige, un professeur de gymnase vaudois qui a publié des vidéos porno risque de perdre son job, même s'il n'a a priori pas enfreint la loi, s'étrangle notre journaliste Antoine Hürlimann. Contrairement, probablement, à ses élèves qui l'ont dénoncé.
Publié: 28.05.2024 à 18:00 heures
Image d'illustration.
Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Breaking news en direct du petit monde des puritains: un professeur de gymnase vaudois est sur la touche. La raison? L’homme s’est masturbé face caméra avant de publier son œuvre sur un site pornographique réservé aux adultes consentants. Ce sont des élèves, «choqués», qui l’y ont reconnu après avoir inlassablement épluché sa vie privée en ligne.

Rappelons une notion importante à ces pauvres chouchous-fouineurs. À moins que vous ne soyez le chef suprême des talibans ou le pape, votre morale n’intéresse que votre nombril. Contrairement au cadre légal qui régit nos vies et notre société.

A priori, le prof onaniste n’a commis aucune infraction. Ce n’est, selon toute vraisemblance, pas le cas de ses dénonciateurs. Ces chevaliers blancs autoproclamés pourraient avoir commis une atteinte au droit à l’image de l’enseignant-astiqueur en diffusant sans son accord l’extrait litigieux dans tout le canton. Sans parler du fait qu’en multipliant les partages, ils ont certainement rendu la scène accessible à des enfants de moins de 16 ans.

Respecter la loi, c'est être exemplaire

D’après les témoignages recueillis par «24 heures», rien n’aurait permis d’imaginer que ce pédagogue, qui «donne plutôt bien ses cours», s’adonnait à de telles pratiques. C’est la preuve — s'il en fallait une — que sa vie professionnelle est totalement séparée de sa vie privée.

Chacun devrait être libre de vivre cette dernière comme il l’entend. Mais l’État dit déjà à demi-mot que le professeur, de qui il est attendu «une certaine exemplarité», a fauté. Pourtant, la pornographie (dont s’abreuvent par ailleurs goulûment les gymnasiens) n’étant pas interdite, le professeur semble ne rien avoir commis d’illégal.

La voie à suivre

Permettre à d’autres critères que la légalité d’entrer dans la danse, c’est ouvrir la boîte de Pandore. Un maître qui défile dénudé lors d’une marche des fiertés enfreint-il son «devoir d’exemplarité»? Quid de celui qui participe à une chasse aux gros animaux de la savane pendant ses vacances? Ou de cet autre qui profite dès qu’il le peut de sa passion très polluante pour l’aviation?

Aujourd’hui, deux camps se dessinent. Celui des individus «exemplaires» qui poussent des cris d’orfraie et celui des défenseurs des libertés fondamentales, parmi lesquelles figure le respect de la vie privée. Ces êtres à sang-froid soutiendront le prof qui fait du porno, et ce, peu importe s’ils pensent du bien ou du mal de son activité. C’est précisément la voie à suivre.

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