Pour beaucoup, ce n’est pas simplement un bout de tôle avec des chiffres dessus. Certaines personnes sont même prêtes à débourser des sommes hallucinantes pour pouvoir choisir la plaque d’immatriculation de leur bolide. Exemple: à Zoug, en 2022, un automobiliste a surenchéri jusqu’à 233’000 francs pour pouvoir rouler avec le «ZG 10» dans le dos.
L’affaire est donc aussi sérieuse qu’émotionnelle. Elle occupe même le Conseil national. Ce lundi, en réponse à une question du libéral-radical lucernois Peter Schilliger, le Conseil fédéral a annoncé que le projet de refonte des plaques minéralogiques helvétiques — vieux serpent de mer politique — «débutera cette année encore». Arrivée sur les routes: prévue pour 2026. C’est la première fois que la Confédération s’avance sur un calendrier concret.
Au moins un chiffre ou une lettre de plus
À quoi ressembleront ces nouveaux sésames routiers? Impossible de le savoir à ce stade, le gouvernement n’ayant pas encore tranché. Mais l’autocollant «CH» pourrait bien vivre ses dernières virées. Il pourrait être directement intégré aux nouvelles marques d’identification des véhicules, comme sur les plaques de l’Union européenne.
Seule certitude: elles comporteront au moins un chiffre de plus qu’aujourd’hui, voire de nouvelles lettres. Et c’est bien là qu’est l’urgence: les cantons, surtout les plus grands, commencent — gentiment, mais sûrement — à manquer de combinaisons possibles.
Torrent de réactions en 2008 déjà
Les débats sur le sujet durent depuis quinze ans déjà. En 2008, l’Office fédéral des routes (OFROU) avait provoqué un tollé rien qu’en disant réfléchir à la mise en circulation de nouvelles plaques minéralogiques sans armoiries cantonales. «Je suis fier de mon numéro lucernois, il fait partie de notre identité», s’était indigné par exemple indigné le parlementaire radical Otto Ineichen, dans les colonnes de «20 Minuten».
Face au torrent de réactions, l’OFROU avait été contraint de calmer tout le monde en précisant que l’introduction des nouvelles plaques d’immatriculation n’était prévue qu’à moyen terme. Avant d’enterrer le dossier.
Mais c’était compter sans le lancement d’une initiative populaire fédérale demandant la suppression de l’autocollant «CH», en 2019. Objectif: ne plus devoir le coller sur la jolie peinture de sa tire au moment de se rendre à l’étranger. Le peuple suisse ne se prononcera toutefois pas sur ce texte, les initiants ayant échoué à réunir les 100’000 signatures nécessaires.