Nouveau bureau à Berne
Rösti veut garder la déco de sa prédécesseure, mais ce n'est pas si simple

Albert Rösti reprend le département de Simonetta Sommaruga et son bureau au Palais fédéral. Mais déception pour le Bernois: il ne peut a priori pas garder l'œuvre d'art accrochée au mur de ses nouveaux quartiers. Vraiment? Récit.
Publié: 21.12.2022 à 18:39 heures
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Ce drapeau suisse, une œuvre de l'artiste Christine Isperian composée de différents textiles, plaît à Albert Rösti.
Photo: KARL-HEINZ HUG
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Sophie Reinhardt

Des miracles de Noël, il y en a aussi dans la Berne fédérale. Récit du dernier en date. Lors des festivités célébrant l'élection d'Albert Rösti au Conseil fédéral à Kandersteg (BE), l'élu UDC s'est réjoui de recevoir un tableau représentant les montagnes de sa région d'origine. D'autant plus qu'il regrettait de ne pas pouvoir garder l'œuvre d'art accrochée dans son bureau au Palais fédéral par sa prédécesseure, la socialiste Simonetta Sommaruga.

Mais pourquoi, s'est interrogé Blick? Au fond, l'œuvre en question appartient à la Confédération. Mais voilà, lorsqu'un des sept sages quitte ses fonctions, toute la décoration de son bureau est décrochée. Une histoire de procédure. Selon les dires d'Albert Rösti, Simonetta Sommaruga se serait même opposée à lui laisser le drapeau suisse qui ornait son mur, une œuvre d'une artiste du pays.

Heureux dénouement: une porte-parole du Département de l'environnement et de l'énergie annonce désormais que «le conseiller fédéral Albert Rösti peut volontiers garder l'œuvre d'art dans son futur bureau». Comment en est-on arrivé à ce miracle de Noël? Les voies du Seigneur sont impénétrables, tout comme celles de l'administration fédérale.

Un cadeau qui célèbre la diversité suisse

Albert Rösti semble se réjouir de cette annonce. Mais le conservateur comprend-il vraiment la signification de l'œuvre d'art qu'il a reçue? L'artiste Christine Isperian a créé ce drapeau suisse à partir de textiles d'origine divers. Contrairement à un drapeau suisse traditionnel, le drapeau d'Isperian est composé de tissus à fleurs des Balkans, de batiks asiatiques et de soieries indiennes. Cette œuvre représente la Suisse comme un patchwork multiculturel.

Le cinéaste Fernand Melgar a fait don du drapeau à la Confédération, en 2018. Il l'avait lui-même acquis quatre ans auparavant. Le réalisateur a expliqué à «24 heures» que l'œuvre lui rappelait «parfaitement notre pays», qui s'est construit par vagues successives de migration.

Pour mémoire, Fernand Melgar est un critique virulent de la politique d'asile suisse. En 2011, son film documentaire «Vol spécial» montrait le quotidien du personnel et des détenus de l'un des vingt-huit centres de renvoi pour étrangers en situation irrégulière.

À l'époque, le réalisateur avait reçu des éloges pour son film, notamment de la part de Simonetta Sommaruga. Lors d'un festival de cinéma, la ministre de la Justice, alors responsable de la politique d'asile suisse, avait qualifié «Vol spécial» de «film extrêmement important, qui met en lumière le dilemme de notre État de droit».

De l'encens, de l'or et de la myrrhe, voilà des cadeaux dont l'enfant Jésus ne savait probablement pas trop quoi faire. Albert Rösti, en revanche, se réjouit de conserver ce drapeau, même si l'origine de ses composants n'est pas moins exotique que les cadeaux des Rois mages.

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