Gerhard Pfister s'est montré décontracté. Le président sortant du Centre s'est défendu contre l'impression générale selon laquelle il ne resterait plus que des personnalités de seconde zone pour succéder à la conseillère fédérale démissionnaire Viola Amherd.
Les favoris se désistent les uns après les autres. Gerhard Pfister, en revanche, a souligné lundi devant les médias que jusqu'à présent, ce sont surtout ceux qui ont été mis en avant dans la presse qui se sont désistés. Le Centre dispose pourtant de beaucoup plus de personnel de qualité. Son message implicite est le suivant: ne vous inquiétez pas, tout est sous contrôle.
«Nous avons un problème»
Sauf que personne n'y croit vraiment. Pas même au sein du parti. «Nous avons un problème», dit-on au sein du groupe parlementaire. «Si cela continue, nous serons lentement mais sûrement à court de candidats». Peu importe alors que Gerhard Pfister tente de donner publiquement une autre image. Ceux qui se retrouveront finalement sur le ticket de candidature risquent de passer pour des seconds couteaux incompétents.
Pfister est volontiers célébré comme un grand stratège. Après tout, il a ramené le PDC au succès avec la fusion du PBD en un nouveau parti du Centre. Mais aujourd'hui, la direction du parti ne fait pas étalage de sa vision stratégique. Les nombreuses initiatives individuelles et le manque de concertation sont trop évidents. Le chaos menace.
Manque de stratégie
Gerhard Pfister a lui-même créé la première surprise au sein du parti en démissionnant de son poste de président. Ensuite, on a appris que le bras droit de Pfister, la secrétaire générale Gianna Luzio, partait également. Enfin, le parti a été quelque peu pris de court par l'annonce de la démission de Viola Amherd. La précocité de cette annonce a pu surprendre, mais les spéculations allaient déjà bon train sur une potentielle démission.
Le Centre aurait donc eu suffisamment de temps pour élaborer une stratégie. Il ne l'a manifestement pas fait. Les favoris potentiels et réels se sont rapidement désistés, au lieu d'utiliser l'opportunité médiatique et d'alimenter les spéculations en attendant plus longtemps. Ainsi, la commission de sélection nouvellement mise en place a d'emblée été poussée à chercher des candidats prêts à s'engager, notamment en dehors du Palais fédéral.
Sanctionné par ses collègues de parti
Pfister était lui-même considéré comme le grand favori pour la succession d'Amherd. Il y a renoncé. La fonction ne le rendrait pas heureux, justifie-t-il. Mais ses collègues de parti sont certains que Pfister était conscient qu'il se serait retrouvé dans une position difficile même au sein de son propre groupe parlementaire. Avec son style de direction dominant, il aurait probablement fait des dégâts dans ses propres rangs.
En effet, peu après l'annonce de Viola Amherd, des signaux clairs ont été envoyés à Gerhard Pfister. Les femmes du Centre ont exigé que les reproches de mobbing persistants au sein du secrétariat général soient clarifiés avant une éventuelle candidature. La vice-présidente Yvonne Bürgin s'est également exprimée de manière inhabituellement critique sur les ambitions de Pfister dans l'émission «Arena» de la SRF. Pfister a toujours eu du mal à s'imposer auprès des conseillers aux Etats du Centre. Par le passé, ceux-ci l'ont régulièrement éconduit.
Désormais, le Centre n'est pas seulement sans candidat: la vague de démissions à son sommet menace de mettre à l'épreuve ce parti encore jeune. Les nouvelles luttes de pouvoir qui éclatent entre l'aile gauche et l'aile droite pourraient difficilement tomber à un moment plus défavorable.