Lorsque les agriculteurs français souffrent de la sécheresse, la Suisse doit les aider. Pour être plus précis: le vrai sauveur est le Léman. La Suisse veut donc négocier avec la France la régulation du niveau d'eau du Léman. Le Conseil fédéral a donné, dans ce sens, son autorisation mercredi. En cas de sécheresse – ou de crue – le niveau du lac doit pouvoir être adapté.
«Le changement climatique modifie la quantité d'eau au cours de l'année», explique Felix Wertli, ambassadeur de l'environnement et chef de la division Affaires internationales de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). En été, il y a moins d'eau, mais beaucoup en dépendent. Le niveau d'eau a par exemple une grande influence sur la navigation, explique Felix Wertli.
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Les deux pays doivent négocier
Mais il y a aussi d'autres intérêts, notamment pour la production d'énergie. En hiver, l'énergie hydraulique doit être renforcée, mais pour cela, il faut retenir l'eau en été. Parallèlement, les agriculteurs français ont besoin d'eau. La Suisse et la France doivent donc se mettre d'accord.
L'ex-chef de Greenpeace Kaspar Schuler a récemment critiqué le comportement de la Suisse. «La Suisse et l'Autriche disposent de robinets centraux en Europe. Ils décident quand ils libèrent leur eau et où ils la retiennent», explique Kaspar Schuler, qui est désormais directeur de l'organisation internationale de protection des Alpes Cipra.
Des échanges plus longs
En été, l'Italie comme la France dépendent la Suisse qui laisse passer l'eau pour contrer la sécheresse, poursuit le spécialiste. «Mais la Suisse regarde d'abord pour elle et nuit ainsi à ses pays voisins.» Cela pourrait changer grâce à une toute nouvelle coopération.
La proposition de négociations est partie de la France, explique Felix Wertli. «Nous échangeons depuis longtemps déjà.» L'office français compétent n'a toutefois pas encore répondu à une demande de Blick.
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Une commission sera-t-elle créée?
La forme détaillée de la coopération n'est pas encore claire. Selon Felix Wertli, une commission franco-suisse serait une possibilité. «Si certains seuils sont dépassés, la France pourrait par exemple demander s'il est possible de laisser passer plus d'eau, ou de la retenir en cas de crue.» Jusqu'à présent, la France n'avait pas la possibilité de changer le niveau d'eau dans le Léman. Toutefois cela pourrait changer: «L'objectif est une mise en œuvre d'ici la fin de l'année», précise le spécialiste.
Mais la France n'est pas le premier pays à vouloir accéder à l'eau suisse. L'année dernière, l'Italie avait déjà supplié la Confédération pour obtenir de l'eau. Le Pô était presque asséché, les agriculteurs italiens craignaient pour leurs récoltes.
Meuccio Berselli, chef de l'organisation qui contrôle les eaux de la plaine du Pô, avait même lancé un appel à la Suisse sur la SRF. «Nous demandons à nos amis suisses de soutenir le niveau du lac Majeur. Cela doit se faire par le biais des barrages dans les Alpes.» Mais le Tessin a gardé l'eau pour lui, puisqu'il souffrait, lui aussi, d'une forte sécheresse.