Pourquoi les femmes souffrent-elles plus de la chaleur que les hommes? Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus en danger (et pourquoi diable stockent-elles encore leurs médicaments près d'une fenêtre)? Est-il vraiment utile de se mettre tout nu pour faire redescendre sa température corporelle? Professeur de météorologie environnementale à l'Université Albert-Ludwig de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), notre expert vous explique tout cela. Et bien d'autres choses encore.
Andreas Matzarakis, pourquoi la chaleur est-elle si dangereuse?
Parce que nous ne pouvons pas nous en protéger aussi efficacement qu'il le faudrait. Lorsqu'il fait froid, nous pouvons adapter notre façon de nous habiller. Lorsqu'il fait chaud, nous devrions faire le contraire. Mais nous ne pouvons pas nous promener tout nus, du moins en public. Et en cas d'humidité élevée, même la tenue d'Adam et Eve ne nous amènerait pas grand-chose.
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Pourquoi pas?
Le corps humain est programmé pour ne pas laisser sa température dépasser 37 degrés. Il y parvient notamment en transpirant. La sueur s'évapore. Ce processus nécessite de l'énergie, qui est extraite du corps sous forme de chaleur par la peau. Lorsque l'humidité de l'air est très élevée, la sueur ne s'évapore plus. Le mécanisme de refroidissement propre au corps s'arrête.
À partir de quel moment cela devient-il dangereux?
Lorsque l'estomac doit par exemple digérer quelque chose de lourd comme un jarret de porc, ou que l'on est en mauvaise santé, il y a un risque de surchauffe. Cela peut déjà être le cas lorsque la température dépasse à peine les 30 degrés.
Qu'est-ce que la «température ressentie»?
C'est l'interaction entre la température de l'air, l'humidité, le rayonnement solaire et le mouvement du vent. Au soleil, la température ressentie est bien plus élevée que la température de l'air mesurée et offre donc une information plus importante pour l'homme que la température mesurée. Le vent, par exemple, donne l'impression que l'air est plus frais. Et une forte humidité de l'air a l'effet inverse. Ainsi, 35 degrés en l'absence de vent et dans un air humide peuvent être bien plus désagréables que 41 degrés en présence de vent et d'air sec.
Quels autres facteurs influencent le risque de surchauffe?
La concentration de polluants comme l'ozone dans l'air, par exemple. Ou celle de la poussière et du pollen. Comme nous respirons plus vite et plus profondément lorsqu'il fait chaud, beaucoup plus de ces substances peuvent pénétrer dans nos voies respiratoires et les agresser en conséquence. La dangerosité de la chaleur dépend également de l'intensité du rayonnement UV et du nombre de journées chaudes que nous avons déjà vécues. La première vague de chaleur de l'année est la plus éprouvante, car le corps ne s'est pas encore habitué aux températures.
Pourquoi les femmes ressentent-elles la chaleur différemment des hommes?
Lorsque les vaisseaux se dilatent en raison de la chaleur, la pression artérielle baisse, ce qui peut provoquer des sensations de faiblesse et des vertiges. Les femmes ont tendance à être plus petites que les hommes, à avoir une plus grande surface corporelle et moins de glandes sudoripares.
Au fait, pourquoi y a-t-il tant de personnes âgées parmi les décès dus à la chaleur?
Globalement, la capacité d'adaptation des personnes âgées est moindre. À partir d'un certain âge, le corps produit de moins en moins de chaleur. C'est la raison pour laquelle les personnes âgées se sentent le mieux à 26 degrés, les plus jeunes plutôt à 24 degrés. En cas de chaleur extrême, c'est exactement le contraire. Les personnes âgées la ressentent beaucoup plus rapidement comme désagréable que les jeunes, car leur corps ne s'y adapte pas rapidement. En outre, les personnes âgées se déshydratent plus rapidement, car la sensation de soif diminue avec l'âge. Il est important de leur rappeler régulièrement de boire lorsqu'il fait chaud. Il faudrait également adapter les doses de médicaments.
Quels médicaments?
Les médicaments qui font baisser la tension artérielle, par exemple. De nombreuses personnes âgées stockent en outre leurs médicaments sur le rebord de la fenêtre, car la lumière y est particulièrement bonne. Or, ce n'est pas un bon endroit en cas de chaleur. De nombreux décès dus à la chaleur pourraient être évités si l'aide de proximité était mieux entretenue. Des mesures telles que les fontaines publiques et les cooling centers climatisés, où les passants peuvent se rafraîchir, sont une bonne chose. Mais qui pense à Tante Erna, du cinquième étage, qui doit monter ses courses sans ascenseur?