Imaginez: après avoir passé une bonne soirée au restaurant, vous décidez de twinter votre pote qui a tout réglé. Et là: impossible. Twint refuse le paiement à cause d'un simple mot-clé. Comment est-ce possible?
C’est le cas de deux amis ayant mangé dans un restaurant afghan sur la Langstrasse, à Zurich. Dans la case «message», le créditeur a écrit le mot-clé «Afghanistan». Les amis sont interloqués: l’argent n’est pas versé. Plusieurs essais plus tard, les compères se rendent compte que le montant ne peut être transféré. L’un d’eux écrit un message sur Twitter en y taguant sa banque, Credit Suisse.
Le mot-clé en cause
Les deux hommes soupçonnent tout d’abord un problème technique avec Twint, comme il en arrive parfois. Mais ce n’est pas le cas. «Le problème décrit ne concerne pas Twint, mais s’explique par des obligations réglementaires régulant la réception d’argent, qui s’adresse aux banques et aux modes de paiement dans leur ensemble», écrit Twint à Blick.
En effet, quelques jours plus tard, celui qui aurait dû être bénéficiaire du versement reçoit une lettre de sa banque. Dans le courrier, Credit Suisse regrette que la banque n’ait pas pu effectuer le paiement et mentionne le montant de 43,33 francs et le motif du paiement: «Afghanistan».
Respect des sanctions internationales
Dans cette lettre, que Blick a pu consulter, Credit Suisse rappelle son rôle en tant que grande banque d’envergure mondiale. Elle énumère plusieurs pays et régions soumis à des sanctions internationales, comme «l’Iran, la Crimée, Cuba, la Corée du Nord ou la Syrie». L’Afghanistan, depuis la prise du pays par les talibans en août dernier, fait partie de cette liste, bien que la lettre de Credit Suisse ne le cite pas.
Le géant bancaire rappelle que les restrictions s’appliquent à toutes les transactions, indépendamment du montant, de la monnaie, de la banque ou du système utilisé. «Credit Suisse respecte l’ensemble des sanction concernant les pays où elles s'appliquent», confirme la banque auprès de Blick.
Notre amateur de saveurs d’Asie centrale et client de Credit Suisse en est pantois. «Je trouve surréaliste qu’une banque puisse bloquer aussi facilement un paiement sans se renseigner davantage sur celui-ci», souffle-t-il.
(Adaptation par Alexandre Cudré)