En quelques jours, les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan. Depuis, les hommes lourdement armés sèment la peur et la terreur dans les rues.
Alors que le président Ashraf Ghani a quitté le pays dimanche dans un hélicoptère avec de très fortes sommes d'argent liquide, les talibans veulent désormais diriger le pays.
Une grosse partie des fonds se trouve aux Etats-Unis
Si l’on en croit le magazine allemand «Der Spiegel», les talibans pourraient bientôt manquer de fonds pour leurs ambitions. Car, comme nous l’apprend le directeur de la banque centrale afghane, Ajmal Ahmady, qui a également fui le pays, les islamistes n’ont pas accès aux réserves de change de l’Afghanistan, qui valent des milliards.
Environ sept des neuf milliards de dollars contrôlés par la banque centrale sont sous forme de liquidités, d’or, d’obligations et d’autres investissements auprès de la banque centrale américaine.
Le reste de l’argent se trouve principalement sur des comptes internationaux, notamment en Suisse, à la Banque des règlements internationaux (BRI), dont le siège est à Bâle. C’est la plus ancienne organisation financière internationale du monde et elle est considérée comme la «banque des banques centrales» avec 60 membres.
Selon Ajmal Ahmady, les islamistes ont accès à un maximum de 0,2% des réserves.
Déjà la semaine dernière, plus de livraison en espèces
La banque centrale d’Afghanistan avait l’habitude de recevoir des livraisons d’argent physique à intervalles réguliers. Entre-temps, les livraisons ont été interrompues, et celle prévue pour la semaine dernière n’a pas abouti. Ajmal Ahmady soupçonne les partenaires internationaux d’avoir anticipé l’offensive des talibans.
«Le vendredi matin, j’ai reçu un appel m’informant qu’il n’y aurait plus de livraisons de dollars», écrit le directeur de la banque centrale afghane. Ils en attendaient une dimanche, le jour de la chute de Kaboul.
Sauf que samedi, des dizaines de personnes se sont précipitées dans les banques pour retirer de l’argent. Ajmal Ahmady a alors dû restreindre l’accès au dollar américain, tant dans les banques que lors des ventes aux enchères de dollars, afin de préserver les dollars restants de la banque centrale. Sur ses instructions, des plafonds de retrait par personne avaient également été fixés.
Ainsi, le stock de liquidités restant s’épuise. Ajmal Ahmady assure toutefois que les réserves internationales ne sont pas menacées: «Aucun argent n’a été volé sur aucun compte de réserve».
«Maintenant ils doivent gouverner»
Un représentant du gouvernement américain a également confirmé à l’agence de presse Reuters qu’aucun actif du gouvernement afghan investi aux États-Unis ne serait mis à la disposition des talibans.
Quelles sont les conséquences pour le pays maintenant? Pour les Afghans les plus pauvres, la situation risque de devenir critique. Avec l’inflation, les prix des denrées alimentaires pourraient augmenter.
«Les talibans ont peut-être gagné militairement, mais ils doivent maintenant gouverner politiquement. Ce ne sera pas facile», prédit Ajmal Ahmady. (man/mkl)