La rencontre dans la Berne fédérale n'a pas duré beaucoup plus d'une demi-heure. Au début, l'ambiance était tendue. Mais le conseiller fédéral UDC Albert Rösti a rapidement signalé à la délégation valaisanne qu'il souhaitait réexaminer la question du loup. Aucune décision n'a cependant été prise ce vendredi après-midi et il n'existe donc pas de procès-verbal des échanges qui ont suivi. A peine trois jours plus tard, les Valaisans avaient obtenu ce qu'ils espéraient du ministre de l'Environnement: l'autorisation d'éliminer complètement trois meutes de loups au lieu d'une seule.
La Confédération se tient désormais complètement à l'écart
Et ce n'est pas tout: l'arrêté du 16 septembre, que Blick a pu consulter, va beaucoup plus dans le sens des autorités valaisannes. Un passage central du document a été grandement modifié. Dans la version initiale, datée du 9 septembre, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) d'Albert Rösti donnait son accord pour la chasse proactive des loups, à la condition que les louveteaux soient d'abord «retirés» des meutes.
Dans le document modifié, il n'est désormais plus question que de garantir un «traitement respectueux du gibier», «y compris le respect de la loi sur la protection des animaux en ce qui concerne les louveteaux».
Bien que les deux versions mettent l'accent sur la protection des loups adultes – et donc indirectement sur celle des louveteaux – il y a une différence de taille: alors que dans sa décision initiale, la Confédération insistait encore sur le respect de la loi sur la chasse, de la protection des animaux et imposait des conditions correspondantes, elle se tient désormais complètement à l'écart. Désormais, Berne considère que l'affaire relève exclusivement du canton.
Le principe est d'abattre «les jeunes avant les vieux»
David Gerke, directeur du Groupe Loup Suisse, est indigné par la démarche de l'OFEV: «La protection des parents a été de facto supprimée et remplacée par une formulation fourre-tout.» Les jeunes loups naissent pour la plupart en mai. A l'âge de cinq mois, leurs dents définitives sont formées – jusque-là, ils dépendent entièrement de leurs parents et ne sont donc pas capables de chasser de manière autonome.
«Sans les soins de leurs parents, ces louveteaux meurent tous rapidement de faim, sans exception», explique David Gerke, qui a étudié l'économie de la chasse à Vienne. Ce n'est qu'en février que les jeunes animaux se détacheraient progressivement de leurs parents.
Parmi les chasseurs, le principe est d'abattre «les jeunes avant les vieux». La raison relève de l'éthique animale, selon eux: puisque jusqu'à un certain âge les jeunes animaux dépendent de leur mère et de leur père, les jeunes meurent de toute façon si les parents sont tués. En abattant d'abord les jeunes avant de s'en prendre à leurs géniteurs, les chasseurs estiment donc éviter la cruauté envers les animaux.
En épargnant les animaux plus âgés, on soutient également la structure sociale au sein de la population de loups. Les parents défendent leur territoire et évitent ainsi que de nouveaux loups isolés ne s'y introduisent et ne causent des dégâts. Si des loups centraux au groupe sont abattus, la meute risque de se séparer. Il se passe alors exactement ce que la régulation dite proactive est censée empêcher: les prédations sur le bétail augmentent, puisque les jeunes loups inexpérimentés, perdus sans l'aide de congénères plus âgés, se concentrent sur des proies faciles.
Mais pour les chasseurs, il est pratiquement impossible de juger à distance si un loup adulte est un parent ou non. C'est pourquoi, selon David Gerke, il est nécessaire de ménager tous les loups adultes jusqu'à ce que les louveteaux soient éliminés. «Sinon, il y aura toujours derrière la mort lente et cruelle des louveteaux qui n'ont plus rien à manger.»
«C'est profondément contraire à l'éthique»
Trois jours après que l'OFEV a donné son feu vert à l'éradication des deux autres meutes, les tirs ont déjà résonné dans la région valaisanne d'Augstbord. Le lendemain, la même chose s'est produite aux Toules vers Conthey. Les deux fois, les chasseurs ont tué un loup adulte. On ne sait pas s'il s'agissait de parents. Le service valaisan de la chasse, de la pêche et de la faune a indiqué que les analyses ADN n'étaient pas encore disponibles. «Comme d'habitude, cela va prendre quelques semaines.»
Les chasseurs qui se livrent à de telles pratiques agissent de manière «profondément contraire à l'éthique», déplore le défenseur des loups David Gerke. Même lors de la chasse aux sangliers, qui causent souvent de gros dégâts, la règle de ne pas abattre les mères de marcassins est respectée, a-t-il ajouté.
David Clavadetscher, directeur de l'association Chasse Suisse, prend la défense de ses collègues. Selon lui, une mesure prise par les autorités n'a rien à voir avec une chasse régulière. «On ne peut pas comparer ces situations avec une traque.» Dans le cadre de la régulation proactive, les chasseurs sont subordonnés au garde-chasse et agissent en fonction, a-t-il ajouté. «Peu importe qu'il s'agisse d'un loup ou d'un cerf: à la fin, c'est le chasseur ou la chasseuse qui décide s'il ou elle doit appuyer sur la détente.»
Le Valais remercie les chasseurs
L'OFEV souligne l'importance du principe des «jeunes avant les vieux» dans les tirs de régulation. «Il ne s'agit pas d'un affaiblissement de la mesure avec cette nouvelle formulation, mais d'une précision», explique la porte-parole Viola Mauri.
Les cantons sont responsables de l'application de leurs décisions de tirs. «Ils doivent veiller à ce que les jeunes loups, tant qu'ils dépendent encore de l'alimentation de leurs parents, soient abattus avant ces derniers pour des raisons de protection des animaux.» Le fait que la Confédération se désengage de sa responsabilité comporte toutefois des risques. Un éventuel contrôle judiciaire cantonale nécessaire lors de la chasse sera ainsi nettement plus compliqué.
C'est aussi pour cette raison que le WWF espère que la révision de l'ordonnance sur la chasse apportera plus de clarté à l'avenir. Stephan Buhofer, avocat du WWF, déclare: «Les bases juridiques selon lesquelles la chasse au loup est désormais réglementée sont peu claires et complexes. Et selon le contexte politique des autorités, elles sont interprétées différemment. Aucun système ne peut bien fonctionner dans ces conditions.»
Sur le site Internet consacré à la régulation proactive des meutes de loups, le canton du Valais s'adresse directement aux chasseurs locaux. Ceux qui sont en possession d'une autorisation de régulation valable peuvent abattre des loups dans les périmètres prévus. «Nous vous remercions d'ores et déjà de votre engagement et vous souhaitons une bonne chasse pour la prochaine période.»