Il s'agit d'un débat sans fin: les vendeuses en contact avec la clientèle doivent-elles être autorisées à porter le voile? Jusqu'à présent, Migros, Coop et Denner – les principaux détaillants du pays – avaient fait preuve d'unanimité en interdisant à leurs caissières de porter des couvre-chefs religieux.
Désormais, Denner fait marche arrière. Le discounter, qui appartient entièrement à Migros depuis 2009, a modifié le code vestimentaire de son personnel. Avec une grande nouveauté: les foulards sont désormais explicitement autorisés.
«Depuis novembre 2023, le port de couvre-chefs religieux de couleur noire est autorisé», confirme la porte-parole de Denner Andrina Sarott. Cet assouplissement est toutefois conditionné au fait que le visage reste visible.
Cette décision a été précédée d'une longue clarification. «La famille Denner réunit des personnes de plus de 80 nations aux origines culturelles et religieuses les plus diverses», a notamment expliqué la porte-parole.
À lire aussi
Migros et Coop campent sur leur position
Alors que les discounters allemands Aldi et Lidl autorisent le port du voile dans leurs filiales en Suisse, Coop et Migros campent sur leur position.
«Dans la vente, les casquettes de baseball, les chapeaux, les bonnets et tous les couvre-chefs religieux ne font pas partie de l'uniforme de travail et ne sont donc pas autorisés», écrit le service de presse de Coop. Ce dernier ajouter que ce règlement vestimentaire s'applique «depuis toujours» et qu'il est communiqué de manière transparente lors de la conclusion d'un contrat de travail. Si quelqu'un souhaite malgré tout porter un couvre-chef, des alternatives appropriées sont recherchées au sein du groupe Coop, par exemple un travail dans l'administration ou dans la logistique. «Ainsi, à l'exception de quelques cas isolés, nous avons toujours pu trouver des solutions adaptées.»
La directive nationale pour le personnel des magasins de Migros stipule également que tout couvre-chef est interdit dans les activités en contact avec la clientèle. Selon la porte-parole du géant orange Carmen Hefti, il y a toutefois une certaine marge de manœuvre dans l'application du réglement. Ainsi, les foulards, kippas et turbans sont autorisés du côté de Zurich. «Nous sommes en discussion avec toutes les coopératives pour adapter le code vestimentaire sur certains points», ajoute Carmen Hefti.
Une caissière porte plainte contre Migros
En février, le cas d'une caissière kurde licenciée sans préavis par Migros parce qu'elle ne voulait pas enlever son foulard avait fait grand bruit. «Mon chef m'a dit que je ne pouvais pas venir au travail avec mon foulard», avait alors raconté la principale intéressée à «20 Minuten».
Ses supérieurs lui avaient indiqué que les vêtements de travail ne devaient pas comporter de symboles religieux. «Mais mes collaboratrices avaient le droit de travailler avec d'énormes croix tatouées sur leur main.» Elle s'était alors sentie discriminée. La caissière, qui était employée dans un magasin du canton de Lucerne, a désormais entamé une procédure juridique contre Migros.