Ruben Ramchurn sera candidat à l'élection complémentaire du 9 février prochain pour la Municipalité d'Yverdon-les-Bains, annonce-t-il en exclusivité à Blick ce vendredi 29 novembre. Le trublion, qui enchaîne les vidéos TikTok pour dénoncer le deal de rue et les allers-retours au tribunal, se présentera en tant qu'indépendant.
Cependant, celui qui fut l'ancien président de la section locale de l'Union démocratique du centre (UDC) assure incarner «la meilleure chance de la droite et de ses alliés centristes» pour reprendre un siège à la majorité de gauche de l'Exécutif de la deuxième Ville du canton de Vaud. Le conseiller communal saura-t-il convaincre les partis bourgeois de se rallier à sa candidature? Interview sans aucun tabou.
Ruben Ramchurn, vous nous le confirmez, vous serez candidat à l’élection complémentaire à la Municipalité d’Yverdon-les-Bains?
Je vous le confirme. Je déposerai les documents dans le courant de la semaine prochaine.
Quelles sont vos motivations?
Je tiens d’abord à préciser que cela n’avait jamais été dans mes plans. Mais une succession d’imprévus – le décès du regretté municipal socialiste en exercice Jean-Claude Ruchet et le fait que je me sois percé un tympan en pratiquant l’apnée ce qui m’empêche de retourner vivre à l’Ile Maurice – m’a fait reconsidérer les choses. Un certain nombre de personnes m’ont par ailleurs contacté pour que je me présente ces dernières semaines. Comme j’ai toujours défendu le courage et la vérité, je me suis dit qu’il était temps pour moi de prendre mes responsabilités et d’essayer de changer les choses de l’intérieur.
Les autorités ont déposé une dénonciation pénale contre vous pour incitation à la haine raciale, la municipale socialiste Brenda Tuosto vous poursuit pour diffamation, vous êtes également attaqué dans l’affaire Y-Parc… Peut-on vraiment être un bon municipal quand on traîne autant de casseroles?
Vous savez, au départ, quand j’ai pris ces plaintes, j’avais décidé de déposer à mon tour des plaintes pour calomnie contre les membres de la Municipalité. Je me suis ravisé, me disant que je n’allais pas faire comme eux et utiliser la justice dans un objectif politique. Car je pense réellement qu’ils l’utilisent pour me museler parce que je les dérange. Mais imaginons le cas où j'aurais procédé de la sorte, devraient-ils tous démissionner en attente d’éventuelles condamnations? Non, évidemment. Sinon, ça serait trop facile de paralyser la politique.
Vous avez l'esprit tranquille face à ces procédures?
Ayant fait systématiquement recours, je suis présumé innocent dans toutes ces affaires et je suis prêt à me défendre devant les tribunaux. Je suis serein. Dans les faits, on me reproche essentiellement des opinions, on est dans le crime de pensée, qui n’existe pas en droit Suisse. A mes yeux, le seul vrai juge du politicien, c’est la population et son bulletin de vote. Je ne cache pas les procédures judiciaires qui me visent: chacun pourra voter en connaissance de cause et c’est la seule chose qui compte.
Donc la notion d’exemplarité n’est pas importante pour vous?
Je pense qu’il faut surtout une éthique personnelle et s’y tenir. Regardons la France: va-t-on empêcher la démocratie de se faire à cause d’une condamnation de Marine Le Pen (ndlr: actuellement en procès, la présidente du Rassemblement National risque l’inéligibilité)? C’est problématique…
Pourquoi, d'après vous?
Le problème de Marine Le Pen, c’est qu’elle est tombée dans son propre piège, puisque elle-même exigeait des sanctions d'inéligibilité pour ses adversaires avant d’apparaître dans le radar de la justice. Du coup, elle devrait s’y tenir. Ce n’est pas mon cas. J’avais d’ailleurs souvent exprimé mon avis lors de l’affaire Pierre Maudet et même si ce n’est pas mon politicien favori, j’étais heureux de le voir gagner à nouveau dans les urnes: son courage et sa ténacité m’inspirent. Les électeurs ont choisi en connaissance de cause et ils ont jugé que sa faute ne l’empêchait pas d’être un homme d'Etat. C’est important, sinon tout le monde porte plainte contre tout le monde au lieu de tenir des débats politiques. Ce qui signifierait la mort de la démocratie.
Vraiment? En 2019, vous déclariez pourtant dans «24 heures» à propos des élus qui enfreignaient la loi dans le cadre d’actions de désobéissance civile pour le climat que même si on pense mener un combat légitime, on ne peut pas «s’asseoir sur les règles qui façonnent notre société». Vous avez changé d’avis?
Il est vrai que le Covid m’a fait réfléchir sur la question. Même si je pense toujours qu’il y a une distinction entre inciter à enfreindre la loi, comme le font les gilets jaunes du climat, et enfreindre la loi soi-même pour une cause qui nous semble légitime. Une des choses qui m’a valu beaucoup d’ennuis, c’est d’avoir assumé fréquenter des restaurants clandestins durant le Covid comme le faisaient d’ailleurs beaucoup de gens. La seule différence entre moi et ceux qui fréquentaient légalement les hôtels et leur restaurant autorisé par les autorités? L’argent. Je voulais dénoncer cette injustice. C’était comme si c’était juste le virus des pauvres.
Ce n’est pas plutôt votre condamnation pour avoir enfreint les mesures sanitaires qui vous a fait réfléchir?
Cette condamnation n’apparaît pas à mon casier judiciaire et je maintiens avoir été notifié par les autorités que j’étais en quarantaine le lendemain du jour où on me reproche d’avoir participé à des événements publics. Malheureusement, mon recours au Tribunal fédéral a été invalidé pour un vice de forme, je dois donc vivre avec. Mais vous avez raison, elle m’a fait comprendre qu’on peut être innocent et condamné en même temps… Malheureusement, l’inverse est aussi possible.
Revenons à votre prochaine échéance électorale du 9 février. Vos TikToks pour dénoncer le deal de rue à Yverdon dépassent le million de vues. C’est votre meilleur argument de campagne?
Je me permets de vous corriger: ils dépassent les trois millions de vues. Mes positions pour vraiment s’attaquer au trafic de drogue sont un argument parmi d’autres. J’ai aussi des vues et des ambitions sur la problématique du social et sur la culture.
Commençons par le social.
Déjà, j’ai mon expertise. J’ai été directeur d’EMS, j’ai une formation universitaire dans la santé publique, les assurances sociales et en économie. J’ai aujourd’hui à cœur d’apporter une vision différente. Celle pratiquée actuellement, avec ses mécanismes pervers et punitifs, transforme les bénéficiaires en esclaves.
Que voulez-vous faire?
Je suis bien conscient que la politique sociale se mène également au niveau du Canton. Mais, à l’échelle d’une ville importante comme Yverdon, il est déjà possible de faire beaucoup de choses, sans même parler de lobbying auprès du Conseil d’Etat.
Concrètement?
J’aimerais par exemple davantage faire de l’aide au logement un axe central de la politique sociale, avec des aides dynamiques à destination des gens qui en ont besoin, plutôt que de miser sur des appartements subventionnés. Ce modèle crée des ghettos à pauvres et pousse les gens à rester de leur condition pour éviter un déménagement forcé. Sans oublier les tristes dérives comme celle qu’on a connu il y a quelques années avec l’affaire de l’office du logement, qui avait conduit Christophe Loperetti a quitté le parti socialiste pour pouvoir en parler (ndlr: Christophe était ensuite passé par les rangs de Vert'libéraux et de l'UDC avant d'être condamné pour avoir orchestré de faux certificats de vaccination Covid).
Et concernant la culture?
C’est un domaine sur lequel j’interviens depuis des années au Conseil communal. Je défends une culture beaucoup moins administrative et donc beaucoup plus libre que celle portée par la majorité de gauche, en particulier les Vert-e-s. J’ai le sentiment qu’à Yverdon, plus on est proche idéologiquement de la cosyndique écolo, plus on touche de subventions. Je suis pour une culture qui réussit parce qu’elle mérite de réussir. Pas parce qu’elle plaît à un camp politique ou à un autre.
La gauche a déjà désigné son candidat en la personne du socialiste Julien Wicki. La droite réfléchit à un candidat unique. Même si vous êtes aujourd’hui sans étiquette partisane, vous êtes un ancien président de la section yverdonnoise de l'UDC. N’avez-vous pas peur que votre candidature cavalière saborde les chances de votre famille politique?
Si j’avançais que je n’étais ni de gauche, ni de droite, je ne pense effectivement pas qu’on me croirait. Ce que je dis par contre, c’est que je suis la meilleure chance de la droite et de ses alliés centristes. J’appelle donc toutes ces formations à rallier ma candidature. C’est le moment de reprendre notre ville en main et je suis pour cette élection, le plus à même d’y arriver.