La campagne a déjà commencé sur les chapeaux de roues, bien que l'initiative populaire fédérale «200 francs, ça suffit! (initiative SSR)» sera soumise au peuple au plus tôt en 2025. Et il n'y a pas qu'en Suisse romande qu'une partie de la classe politique fourbit ses armes contre le service public. L'ambiance est également électrique de l'autre côté de la Sarine, là où se jouera le sort de la SSR.
Parce qu'un reportage diffusé sur la radio alémanique SRF lui a déplu, le président du PLR Thierry Burkart menace la SSR de soutenir à l'initiative. «La qualité de la SRF ne cesse de baisser», dénonce le conseiller aux Etats argovien. «Je suis curieux de voir quel sera le mot d'ordre de l'assemblée des délégués du PLR», a-t-il écrit lundi sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Auparavant, à l'instar de ses représentants romands tels que l'élu valaisan Philippe Nantermod, très critiques face au service public, le PLR lui-même avait reproché à la SRF de faire du journalisme à thèse de gauche. Selon le Parti libéral-radical, le groupe de médias serait devenu «malveillant, calomnieux et tendancieux».
Qu'est-ce qui a déclenché la colère du patron du PLR? Un reportage sur une conférence de presse du parti sur la politique migratoire (lien en allemand). Le journaliste en était arrivé à la conclusion que le PLR utilisait ce thème comme un instrument de campagne électorale. «Mes réponses à l'interview, dans lesquelles je répondais aux affirmations du journaliste, n'ont pas été diffusées, car elles ne correspondaient pas à la thèse préconçue du journaliste», estime Thierry Burkart, sollicité par Blick.
Un «no-go», selon Cédric Wermuth
Les critiques... de cette critique ne se sont pas fait attendre. Le co-président du Parti socialiste Cédric Wermuth a notamment estimé que le PLR avait franchi la limite: «Une chaîne publique doit pouvoir et doit être critiquée publiquement. Comme chacun le sait, je le fais régulièrement avec la SSR. Mais là, le PLR franchit une ligne rouge».
Un sujet mal digéré justifie-t-il d'égratigner la liberté des médias et de menacer de brandir le gourdin de l'initiative sur la réduction de moitié? «Je n'ai pas menacé», rétorque Thierry Burkart. «Mais il est vrai que je suis très curieux de voir comment se déroulera la rédaction du mot d'ordre. Au PLR, il y a les deux camps, pour et contre l'initiative. En tant que président, je dois prendre les deux au sérieux et je défendrai bien sûr la décision de l'assemblée des délégués».
En 2018, on aurait dit oui
Ce qui est intéressant dans ce contexte, c'est que le PLR devrait en fait être favorable à l'initiative. En effet, en 2018, les délégués libéraux-radicaux ont adopté à une écrasante majorité un document stratégique exigeant les deux principaux objets de l'initiative, à savoir que les entreprises ne doivent plus payer les taxes Serafe et que la taxe demandée aux ménages soit abaissée. Le parti n'a pas précisé à quel niveau. Les fonds doivent être utilisés «de manière plus efficace» et le mandat de prestations de la SSR doit être réduit «à son contenu essentiel», notait le PLR.