La population suisse est à 82% favorable à une interdiction des téléphones portables dans les écoles, relève dimanche un sondage de l'institut Sotomo. Plus des deux tiers des Suisses ne voient pas non plus d'un bon oeil le réseau social chinois TikTok. Ce sondage montre que même les jeunes sont en majorité pour un ban des téléphones à l'école, avec 64% des 18-25 ans dans le camp du «oui». Le taux d'approbation augmente avec l'âge.
Les femmes (87%) sont plus favorables à une interdiction des smartphones en milieu scolaire que les hommes (78%). Et le soutien à une telle mesure est plus important chez les personnes ayant fait un apprentissage ou quitté les bancs d'école après la formation obligatoire (86%) que chez celles disposant d'une formation universitaire (76%).
Au niveau politique, ce sont les électeurs de l'UDC et du PS qui se rangent le plus fortement derrière une interdiction, avec 85% d'approbation. Les électeurs des Vert-e-s suivent avec près avec 83%, puis ceux du PLR (81%) et du Centre (80%). Les Vert'libéraux font preuve du plus grand scepticisme, avec toutefois 75% des sympathisants PVL se prononçant en faveur d'un ban dans l'espace scolaire.
De plus en plus conscients des dangers
Selon les auteurs de l'étude, le large soutien à une interdiction des téléphones à l'école s'explique par une conscience croissante des risques. En particulier chez les jeunes, addiction, problèmes de concentration et interactions sociales perturbées sont à l'avant-plan, indiquent-ils. La Suisse ne connaît pas d'interdiction généralisée des téléphones portables dans les écoles, comme la France ou l'Italie. Par contre, les smartphones sont bannis des bancs scolaires dans la plupart des cantons romands.
La présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP), Silvia Steiner, avait plaidé en septembre en faveur d'une interdiction générale des téléphones portables dans les écoles. Les individus ont quelque peu «désappris» à communiquer entre eux sans détour, avait déploré la directrice de l'éducation zurichoise dans les pages du Tages-Anzeiger.
Les Suisses hostiles à TikTok
Les sondés se sont aussi prononcés à 68% pour une interdiction du réseau social TikTok en Suisse. A la surprise des auteurs de l'étude, 60% des jeunes de 18 à 25 ans veulent proscrire la plateforme du géant chinois ByteDance alors qu'ils en sont les principaux utilisateurs. L'étude révèle par contre que le soutien à une telle interdiction fléchit chez les 46-55 ans (59%), soit la tranche d'âge des parents de jeunes adultes. Ils évaluent les avantages et les risques de TikTok de manière plus nuancé, relèvent les auteurs de l'étude.
Au niveau des partis politiques, ce sont cette fois les sympathisants du Centre qui affichent le soutien le plus prononcé, avec 81% en faveur d'un ban de TikTok. Ceux des Vert-e-s et du PS sont à 75% derrière la mesure. Les électeurs du PLR sont les moins enthousiastes, avec seulement 57% pour une interdiction, derrière ceux de l'UDC (60%).
L'application de clips vidéo populaire auprès des jeunes est notamment critiquée pour des raisons de protection des données. Les Etats-Unis et certains autres pays occidentaux accusent les autorités chinoises de collecter indûment des données sur les utilisateurs via ByteDance. L'entreprise et Pékin ont toujours rejeté ces accusations. Le sondage a été réalisé sur mandat de la Maison bernoise des générations (Berner Generationenhaus) dans le cadre de l'étude «Baromètre des générations 2024/2025», qui sera publiée début 2025. Entre le 18 septembre et le 9 octobre, 2754 personnes de plus de 18 ans ont été interrogées en Suisse alémanique et romande.