Une accusation explosive pèse sur la ministre de la Défense, Viola Amherd, dans le cadre de l'achat des F-35. A-t-elle vraiment trompé l'opinion publique et manqué de collégialité en dénonçant ses collègues?
Lors de cette transaction maintes fois discutée, les fournisseurs et les partis se sont couverts de reproches - et au milieu du ring, Viola Amherd. Celle qui a la réputation d'être fiable, proche du peuple et qui a jusqu'à présent accompli son mandat au Conseil fédéral sans problème, traverse désormais une certaine agitation médiatique.
Manque de transparence
Début 2021, Guy Parmelin et Ueli Maurer recevaient le ministre français de l'Economie pour négocier des contreparties politiques dans le cas où la Suisse viendrait à acheter l'avion français Rafale. Pourtant et jusqu'à maintenant, la ministre de la Défense a nié publiquement avoir provoqué ces négociations. Dans les interviews, Viola Amherd démentait, tout en désavouant ainsi ses collègues du Conseil fédéral.
Elle a été prise la main dans le sac par la SSR, qui a révélé des documents. La conseillère fédérale a bien personnellement lancé ces discussions. Elle a fait mention «de contre-affaires politiques» avec des fournisseurs du nouvel avion de combat - à un moment où l'évaluation technique était sensée être déjà terminée.
Vendredi, le Département de la défense a admis à la SSR que c'était bien Viola Amherd qui avait demandé à un groupe de travail composé de hauts fonctionnaires de se pencher sur d'éventuelles contreparties: «La cheffe du Département de la défense (DDPS) a demandé au chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de se charger de l'analyse de politique étrangère.»
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Mensonge sur le prix des avions
Le Contrôle fédéral des finances (CDF) attaque également la politicienne. Il met en doute le prix d'achat convenu. Viola Amherd avait pourtant toujours affirmé que le prix des avions était fixe. Cependant, le CDF a révélé le contraire la semaine passée.
Jusqu'ici, la ministre de la Défense n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Mais elle devra bien le faire, tôt ou tard.
Un Conseil fédéral dans la tourmente
Bien que l'achat semble acquis, des soupçons pèsent encore sur l'affaire des F-35 qui doit de tout manière encore être discutée par le Conseil national à la session de septembre. Mais à la suite de ces révélations, on pourrait imaginer que la Chambre basse fasse crasher les F-35, en obligeant le Conseil fédéral à choisir d'autres avions.
Les turbulences autour de Viola Amherd viennent s'ajouter aux autres polémiques autour d'Alain Berset et des violations du secret de fonction, sans parler des fuites dans la presse. Ces différentes situations écornent l'image du Conseil fédéral, qui semble manquer de collégialité.