L'incident est embarrassant, tant pour Alain Berset que pour le Parti socialiste. Le Fribourgeois a eu beau garder secrète sa passion pour l'aviation durant des années, une erreur de préparation de vol ayant provoqué une intervention de l'armée de l'air française a tout ruiné. Toute la Suisse est au courant et la presse alémanique a déjà trouvé un surnom au conseiller fédéral socialiste: «B-Air-set»...
Le chef du Département fédéral de l'Intérieur ainsi que son entourage considèrent cet incident comme une «affaire privée» — par conséquent, personne ne veut s'exprimer sur le sujet. Un mutisme également adopté par les dirigeants du PS, à commencer par son duo Mattea Meyer - Cédric Wermuth.
Une affaire publique?
C'est pourtant des rangs socialistes que se font entendre les premières critiques publiques à ce sujet. Le conseiller aux États Daniel Jositsch a fait la leçon en direct à la télévision dans «Sonntalk», le talk-show de la télévision zurichoise «TeleZüri». «Il n'y a vraiment rien pour défendre Alain Berset», y a estimé le sénateur.
Celui qui siège sous la Coupole depuis 2007 trouve incompréhensible que, dans un contexte de crise énergétique et de réchauffement climatique, Alain Berset s'adonne à l'aviation de loisir. «La manière dont s'est produit cet incident vient encore empirer le tableau», estime Daniel Jositsch.
Le Zurichois partage la même coupe de cheveux que son conseiller fédéral, mais pas du tout ses positions. À commencer par le caractère privé de l'incident. «Si un membre du gouvernement provoque une intervention militaire avec un avion à l'étranger, c'est une affaire publique», argumente Daniel Jositsch, par ailleurs lieutenant-colonel à l'armée.
«Aucune confiance en cette personne»
Les mots du conseiller aux États zurichois sont clairs, mais pas aussi incisifs que ceux d'une élue de l'autre Chambre, Monika Rüegger. La conseillère nationale UDC reproche non seulement à Alain Berset d'adopter le «Faites ce que je dis, pas ce que je fais», mais aussi d'abuser de sa fonction pour «se profiler personnellement».
Le Fribourgeois est devenu si «insupportable» à ses yeux qu'elle ne sait pas comment il va pouvoir représenter la Suisse en 2023 en tant que président de la Confédération. «Franchement, je n'ai plus aucune confiance en cette personne», a déclaré Monika Rüegger à la télévision zurichoise.
Des critiques émanent aussi du camp PLR. Le conseiller aux États lucernois Damian Müller est plus réservé, mais s'inquiète de l'accumulation de scandales autour d'Alain Berset. «A-t-il encore assez d'énergie pour maîtriser ses dossiers? Il a pourtant beaucoup de pain sur le planche ces prochaines semaines...»
Le libéral-radical fait ici allusion à la votation AVS21, sur laquelle le peuple va se prononcer à la mi-septembre à la suite d'un référendum de la gauche. Damian Müller attend du conseiller fédéral qu'il fournisse la preuve par l'acte qu'il est très engagé dans ce dossier. Au vu de la résistance d'une partie de la population, en particulier les femmes, un autre atterrissage compliqué pourrait bien attendre le pilote amateur...