C'était l'un des fongicides les plus commercialisés en Suisse. Introduit en 1966, le chlorothalonil permet de lutter contre les attaques de champignons et a été utilisé en premier lieu dans la culture des céréales. Les produits contenant du chlorothalonil ont été autorisés à partir des années 1970 pour un grand nombre d'applications dans les grandes cultures, les cultures maraîchères, la viticulture et les plantes ornementales.
Mais en décembre 2019, il rencontre un premier coup de frein quand il est déclaré «probablement cancérigène» par l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). ll sera finalement interdit, aussi bien dans l'Union européenne qu'en Suisse, début 2020.
L'interdiction du chlorothalonil ne passe pas
Pour Syngenta Agro AG, pour qui cette décision ne passe pas, il s'agit d'une interdiction précipitée. Selon la compagnie, ce produit phytosanitaire est d'une grande utilité lors de son utilisation et les agriculteurs devraient pouvoir recourir à différents moyens pour lutter contre les maladies et les nuisibles.
En 2020, l'entreprise a ainsi déposé plusieurs recours contre différentes décisions de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) qui visaient à interdire l'utilisation du chlorothalonil et abaisser de manière significative les valeurs limites de présence du chlorothalonil dans les eaux souterraines.
Les autorités n'ont actuellement aucun moyen d'agir sur les eaux plus fortement contaminées. En effet, l'utilisation de chlorothalonil est certes interdite depuis janvier 2020, mais aucun n'a été prise concernant l'eau encore polluée. Et en la matière, c'est au Tribunal administratif fédéral d'arrêter une décision.
Le Plateau suisse est touché à grande échelle
Selon l'Office fédéral de l'environnement, les eaux souterraines de Suisse sont contaminées à grande échelle. Sur le Plateau suisse, la concentration dépasse même de 0,1 microgramme par litre dans plus de 60% des stations de mesure, soit la valeur limite fixée par l'Office fédéral de l'agriculture. Au niveau national, une station de mesure sur trois est concernée.
Au total, quatre variantes du chlorothalonil apparaissent donc dans les eaux souterraines à des concentrations supérieures à 0,1 microgramme par litre. Fait marquant : les valeurs sont élevées partout où des céréales sont cultivées. Les cantons d'Argovie, de Berne, de Fribourg, de Genève, des Grisons, du Jura, de Lucerne, de Neuchâtel, de Saint-Gall, de Schaffhouse, de Soleure, de Thurgovie, de Vaud, du Valais, de Zoug et de Zurich sont concernés.