C'est un cas rare: la caisse maladie Swica de Winterthur a décidé de prendre formellement ses distances avec son membre du conseil d'administration Casimir Platzer sur les réseaux sociaux. Ce samedi, sur Twitter, la compagnie d'assurance a souligné sa position face à l'extension du certificat Covid: «Swica soutient pleinement les mesures du Conseil fédéral visant à contenir la pandémie».
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Un message qui va complètement à l'encontre des déclarations de Casimir Platzer, également président de Gastrosuisse, l'organisation patronale suisse de l'industrie hôtelière et gastronomique. La compagnie d'assurance compte-t-elle se séparer du restaurateur en raison de ce porte-à-faux? Rien n'est moins sûr.
Pas en ligne avec Swica
Rembobinons. Ces derniers temps, en tant que représentant des intérêts des entreprises de l'hôtellerie-restauration auprès du grand public, Casimir Platzer ne manque aucune occasion d'enrager contre les nouvelles mesures d'endiguement du coronavirus prise par le Conseil fédéral. Ses déclarations bruyantes déplaisent de plus en plus à certains membres de l'association, qui ne se reconnaissent pas dans ses propos et l'ont fait savoir dans les médias, notamment à Blick.
Sa position n'est pas non plus sans conséquences pour la compagnie d'assurance-maladie: même Swica est arrivée à la conclusion qu'une telle résistance aux mesures pour endiguer la pandémie pourrait prolonger cette dernière, et donc faire augmenter les coûts de santé. Ce qui va bien sûr à l'encontre des intérêts de la compagnie d'assurance-maladie...mais pas seulement: les clients de Swica se montrent de plus en plus mécontents.
Timide, elle ne veut toutefois pas trop s'en mêler. Avec un tweet sur son compte alémanique, elle réagit à un article paru dans la version alémanique de Blick samedi dernier. Dans celui-ci, elle prenait position pour elle-même: «Casimir Platzer représente la position de son association dans ses apparitions en tant que président de Gastrosuisse. Sa position sur cette question n'est pas conforme à celle de Swica.» Même si elle ne condamne pas les propos du restaurateur vis-à-vis de l'extension du certificat Covid, on perçoit bien le malaise.
La coopération avec Gastrosuisse reste importante
Que ce soit à travers les réseaux sociaux ou dans les commentaires des lecteurs, beaucoup se demandent si Casimir Platzer devrait démissionner du conseil d'administration de Swica – voire lui demandent de le faire.
Mais la compagnie d'assurance maladie risque de ne pas honorer cette demande. Celle qui compte environ 1,5 million d'assurés pourrait se mettre dans une position très désagréable: elle entretient depuis des décennies un partenariat important – et surtout fructueux – avec Gastrosuisse. Les deux parties proposent notamment aux membres des associations de la gastronomie des formules d'assurance adaptées au secteur, avec des «réductions de primes exclusives».
Un accord win-win: le président de l'organisation patronale perçoit environ 86'000 francs par an pour son mandat au conseil d'administration, tandis que son association peut offrir des forfaits intéressants à ses membres. De son côté, la compagnie d'assurance-maladie peut faire son commerce dans un champ d'activité contenant des dizaines de milliers de clients potentiels. Du pain bénit.
«Gastrosuisse est l'un des plus grands partenaires collectifs, et de nombreuses entreprises de restauration sont assurées auprès de Swica», confirme Silvia Schnidrig, responsable de la communication de cette assurance-maladie.
La compagnie n'a pas divulgué pas les détails des conventions collectives individuelles. Néanmoins, cela semble clair: pour des raisons économiques, Swica n'a pas intérêt à se séparer du président de Gastrosuisse - menace d'atteinte à l'image ou non. (dba/piu)