L'UDC a gagné
Le Valais interdit l'écriture inclusive dans son administration

Après un débat homérique, le Conseil d'État valaisan a finalement suivi le parti agrarien: l'administration cantonale ne pourra pas utiliser l'écriture inclusive dans les textes qu'elle produit. Un des auteurs UDC du postulat à l'origine de cette décision s'en réjouit.
Publié: 07.09.2021 à 09:49 heures
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Dernière mise à jour: 07.09.2021 à 11:50 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

«Cette fois en Valais, 'l’écriture inclusive', c’est (enfin) niet! […] Les néo-féministes hystériques n’ont pas à triturer la langue à des fins aussi idéologiques qu’inutiles.» Le ton est donné. Damien Raboud, député suppléant UDC, crie à la victoire en partageant une décision du Conseil d’Etat sur les réseaux sociaux, ce lundi. L’élu avait fait du «respect du français académique» une priorité. Il triomphe après des mois d’attente et un débat homérique.

L’agrarien, accompagné de son collègue Alexandre Cipolla, avait déposé en octobre un postulat au Grand Conseil. Son texte visait à défendre la langue française contre les attaques «de milieux politisés qui essaient par tous les moyens de déconstruire le langage à des fins idéologiques» en utilisant notamment l’écriture dite «inclusive/langage épicène». Malgré les protestations de la gauche, le postulat avait été soutenu par une majorité et renvoyé au Conseil d’État pour étude et réponse. Les choses se sont alors gâtées pour les UDC.

Damien Raboud, député suppléant UDC, a obtenu une victoire sur le front de l'écriture inclusive.
Photo: D.R.

«L’Exécutif a d’abord voulu classer notre demande en argumentant que l’écriture inclusive n’était pas un vrai sujet en Valais, que la thématique sortait de notre esprit malade, puisque l’administration ne l’employait pas, explique à Blick Damien Raboud. Or, durant la même session, des textes produits par certains services étaient justement écrits en écriture inclusive. Le Conseil d’État a dû s’excuser et a finalement été forcé de considérer notre postulat.» Le député suppléant n’a pas encore reçu de réponse officielle et définitive des autorités, assure-t-il. L’extrait du procès-verbal des séances du Conseil d’État daté du 18 août qu’il a publié lui aurait été envoyé par une connaissance.

Une décision pas encore publiée

Contactés, les services de Frédéric Favre, conseiller d’État en charge des institutions, confirment que le document sur lequel s’appuie Damien Raboud est officiel. Le texte n’est pas publié sur le site internet du Canton. Les quelques lignes indiquent que le Conseil d’État a décidé, «pour tous les textes produits par l’administration cantonale», de ne pas pratiquer l’écriture inclusive, en particulier les marques orthographiques ou syntaxiques qui «alourdissent la langue», telles que l’ajout d’un point médian, d’un tiret, d’une barre oblique ou d’un astérisque pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un terme utilisé dans un sens générique.

Un précédent genevois

L’écriture inclusive n’est de loin pas qu’une thématique valaisanne. L’Etat de Genève dispose depuis le mois de mai d’une directive relative à la communication inclusive, qui définit de manière très complète les bonnes pratiques.

Ainsi, à l’oral, il faut notamment privilégier les termes épicènes (neutres) et les doublets, féminins et masculins. Concernant la communication visuelle, il est nécessaire d’éviter, dans le choix des visuels figurant dans les documents, site internet ou réseaux sociaux de reproduire des stéréotypes genrés. Enfin, à l’écrit, le langage épicène est désormais la norme.

À noter que la forme d’écriture inclusive vilipendée par l’UDC valaisanne est aussi proscrite: les parenthèses, les barres obliques, les tirets et les majuscules à la fin des mots (enseignantEs) ne doivent pas être utilisés. Ce qui rejoint donc la décision récemment prise à Sion. Au bout du Léman, cela n’a toutefois fait aucune vague.

L’écriture inclusive n’est de loin pas qu’une thématique valaisanne. L’Etat de Genève dispose depuis le mois de mai d’une directive relative à la communication inclusive, qui définit de manière très complète les bonnes pratiques.

Ainsi, à l’oral, il faut notamment privilégier les termes épicènes (neutres) et les doublets, féminins et masculins. Concernant la communication visuelle, il est nécessaire d’éviter, dans le choix des visuels figurant dans les documents, site internet ou réseaux sociaux de reproduire des stéréotypes genrés. Enfin, à l’écrit, le langage épicène est désormais la norme.

À noter que la forme d’écriture inclusive vilipendée par l’UDC valaisanne est aussi proscrite: les parenthèses, les barres obliques, les tirets et les majuscules à la fin des mots (enseignantEs) ne doivent pas être utilisés. Ce qui rejoint donc la décision récemment prise à Sion. Au bout du Léman, cela n’a toutefois fait aucune vague.

En revanche, l’administration cantonale devra privilégier les formulations «non sexistes», en s’orientant vers le Guide de formulation non sexiste des textes administratifs et législatifs de la Confédération élaboré par la Chancellerie fédérale. Les départements sont désormais chargés de veiller à l’application des mesures entérinées par le Conseil d’Etat. «En l’état, je suis satisfait de ces décisions, réagit Damien Raboud. J’attends de voir la réponse officielle pour me prononcer davantage mais je me réjouis qu’un travail, avec un résultat identique, soit mené dans les autres cantons romands ainsi qu’au niveau fédéral.» Pas sûr que ce vœu pieux soit entendu.

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