Ces Romands ont eu recours à la stérilisation masculine
«Je suis fier d'avoir eu recours à la vasectomie»

En cette Journée mondiale de la vasectomie, une procédure de stérilisation masculine encore largement méconnue, deux Romands décrivent leur expérience, les raisons qui les ont poussés à y avoir recours et leurs craintes, avant l'opération.
Publié: 15.11.2024 à 08:53 heures
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Dernière mise à jour: 15.11.2024 à 14:17 heures
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«Aux hommes qui hésitent à sauter le pas, je soulignerais surtout l’allègement de la charge mentale pour tout le monde», déclare Benoit, 34 ans, qui a eu recours à une vasectomie il y a quelques jours.
Photo: DR
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Lorsqu'il s'agit de la vasectomie, les craintes, préjugés et incertitudes gisent, tout empilés, dans une pile silencieuse, souvent enfouie sous le tapis: est-ce douloureux? Ma vie sexuelle sera-t-elle impactée? Est-ce vraiment réversible? L'apparence du pénis va-t-elle changer? Tant de questions que peuvent se poser les hommes ne souhaitant pas ou plus avoir d'enfants.

Cette petite opération consistant à ligaturer les deux canaux déférents, permettant aux spermatozoïdes de se mélanger au liquide spermatique (d'après les informations du CHUV), est pourtant dépourvue de risques et très rapide à réaliser, auprès d'un urologue.

Bien que l'intervention peine à se dissocier d'un certain tabou et ne séduise que 2% des hommes selon l'Organisation des Nations Unies, le CHUV de Lausanne a tout de même enregistré une hausse de 34% des vasectomies, entre 2018 et 2019, avec 75 opérations par an, d'après la RTS. En France, l'ANSM relève que le nombre a carrément été multiplié par 15, en l'espace de 12 ans.

Une solution trop rarement évoquée

La semaine du 12 au 18 novembre, tombant en plein Movember (le mois de la sensibilisation à certains cancers masculins) marque chaque année la Journée mondiale de la vasectomie, généralement fixée au 15 novembre. Ainsi que le constate le Dr Guillaume Altwegg, urologue FMH à Genève, il s'agit d'une intervention encore rarement abordée. Trop rarement, selon lui:

«La plupart des patients viennent pour une raison bien précise, indique-t-il: ils en ont fini avec les couches! La vasectomie est une décision personnelle, souvent prise pour simplifier la vie familiale. Trop souvent, ils me contactent après une grossesse non désirée ou une conséquence d’une contraception tardive chez la conjointe, telle qu’une thrombose veineuse.»

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Après avoir vu ma femme gérer trois accouchements, je me suis dit que c’était à mon tour de faire un effort.
Killian, 30 ans
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La famille au complet

L'expérience de Benoît, 34 ans, confirme cette analyse: «J’ai une fille avec mon ex-compagne et me suis remis en couple avec une femme ayant déjà deux enfants, nous explique-t-il. Cela me suffit largement, la famille est au complet et je suis certain de ne pas vouloir d’autres enfants. Comme nous ne sommes pas du tout fans des moyens de contraception classiques et que l’opération est simple et sans risque, la vasectomie me semblait être la meilleure option.»

Même son de cloche pour Killian, 30 ans, déjà papa de trois enfants: «Nous n'en voulons pas d'autres, mais les accidents peuvent toujours arriver, précise-t-il. Avec ma femme, nous n’étions pas forcément d’accord sur la décision à prendre si cela devait se produire. Dans le but d’éviter toute anxiété, nous avons donc penché pour la vasectomie. Cela permet en outre de se passer de contraceptifs hormonaux, que ma femme doit éviter pour des raisons de santé. Et après l’avoir vue gérer trois accouchements, je me suis dit que c’était à mon tour de faire un effort.»

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Il était hors de question que ce soit ma femme qui se fasse ligaturer les trompes, donc je n’ai pas réfléchi longtemps.
Killian, 30 ans.
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«Je m'attendais à avoir très mal»

Benoit, qui a eu recours à la vasectomie il y a quelques jours seulement, évoque un léger stress, au moment de l'opération: «C'est vrai qu’on connait très peu cette procédure, pointe-t-il. Lorsque j’en parlais autour de moi, c’était très bien reçu, mais les informations à ce sujet restent quand même rares. Au moment de l’opération, j’avais donc surtout peur de la douleur et de constater des effets sur ma sexualité. Et puis, j’avais discuté avec quelqu’un qui avait ressenti une forte douleur.»

Rassuré par son médecin, Benoit décrit finalement une procédure facile et peu douloureuse: «Je n’ai pas eu mal du tout, j’étais agréablement surpris!»

Du côté de Killian, les idées reçues étaient moindres, sachant qu'il n'avait que très rarement entendu parler de cette procédure: «Je n’avais aucun préjugé, puisque je ne connaissais personne qui avait déjà eu recours à cette procédure. Il était hors de question que ce soit ma femme qui se fasse ligaturer les trompes, donc je n’ai pas réfléchi longtemps.»

Sur le moment, le Romand a ressenti une certaine douleur, toutefois largement supportable: «Je n’étais pas forcément stressé, mais je supporte mal les aiguilles, donc une fois couché sur la table d’opération, ce n’était pas évident pour moi. Ce n’était pas agréable sur le moment, bien qu’on ne puisse pas dire que c’est très douloureux! Après trois jours de calme, on est sur pied, l’impression de lourdeur qui survient après l’opération s’estompe rapidement. Et on oublie vite!»

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Je suis fier de l’avoir fait! Aux hommes qui hésitent à sauter le pas, je soulignerais surtout l’allègement de la charge mentale pour tout le monde.
Benoit, 34 ans
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Une opération facile et bien tolérée

En effet, le Dr Altwegg se montre rassurant, rappelant que l'intervention se fait sous anesthésie locale et s'avère bien moins intense qu'une visite chez le dentiste: «Certains ressentent une petite gêne après, mais rien qu’un peu de repos et de glace ne puisse soulager. Pour les patients les plus anxieux, j'utilise du protoxyde d'azote (ou gaz hilarant), pour tout simplement les détendre. On peut même utiliser des techniques sans scalpel qui ne requièrent pas de points de suture. En moyenne, vingt minutes suffisent pour effectuer la procédure.»

Quelques jours après son opération, Benoit n'en garde que quelques bleus qui devraient s'estomper rapidement, ainsi que deux petites cicatrices très légères: «J’ai rendez-vous dans trois mois pour vérifier si la procédure a bien fonctionné, ajoute-t-il. Je suis fier de l’avoir fait! Aux hommes qui hésitent à sauter le pas, je soulignerais surtout l’allègement de la charge mentale pour tout le monde.»

Un impact sur la sexualité?

Tout comme Benoit, de nombreux patients redoutent un quelconque impact sur la sexualité. Cette fois encore, le Dr Altwegg balaie ces craintes: «Oui, la question de la 'virilité' revient souvent, mais je rappelle toujours que la vasectomie n’a aucun impact sur la libido ni sur les performances. Elle n'a pas non plus de conséquence sur le volume et l’aspect du sperme, ni sur le plaisir à l’orgasme.»

En d'autres termes, le spécialiste souligne que cela ne change absolument rien: «La plupart des hommes retrouvent la libido de leur jeunesse en raison de rapports sexuels sans risque de paternité.»

«Si on n'est pas sûr, il ne faut pas le faire»

Or, avant d'avoir recours à une vasectomie, un temps de réflexion est exigé, après la première consultation. Pour Killian, l'intervention a été très bien vécue d'un point psychologique:

«J'avais pris le temps d'y réfléchir, mais c’est clair que si on n’est pas sûr, il faudrait partir du principe que c’est irréversible et ne pas y avoir recours, tempère le Romand. Pour ma part, la certitude qu’il n’y aura pas d’accident m’a libéré l’esprit, c’était une suite logique pour soulager ma femme. Je l’ai fait par amour.»

L'opération est-elle réversible?

Encore une question que le Dr Altwegg entend souvent, à propos de la vasectomie, notamment chez les patients hésitants ou craignant de regretter leur choix: «C'est une décision à bien mûrir, car même si c’est une procédure légère, ses effets sont permanents, affirme-t-il. Si, en théorie, la vasectomie peut être réversible, il vaut mieux la considérer comme définitive. En effet, la procédure de réversion est plus complexe et n’offre pas de garantie de réussite.»

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