Movember commence aujourd'hui
Les 5 infos importantes à connaître sur le cancer du testicule et de la prostate

Movember, le mois de la moustache, veut sensibiliser le grand-public aux questions de santé masculine, dont certains cancers fréquents. Deux experts soulignent les points à retenir pour s'en prémunir.
Publié: 01.11.2024 à 08:58 heures
Le samedi 9 novembre, l'association «Having a Ball» propose des dépistages du cancer du testicule à Neuchâtel, Bienne, Berne ou Lausanne.
Photo: Shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Si vous voyez éclore des foules de moustaches autour de vous, durant le mois de novembre, vous saurez pourquoi. Il se peut que ces glorieuses soient arborées en l'honneur de Movember, le mois de la sensibilisation aux cancers du testicule et de la prostate, ainsi que la santé mentale masculine. 

En plus de ces moustaches symboliques, si vous vous promenez à Neuchâtel, Bienne, Berne ou Lausanne le samedi 9 novembre, vous pourriez aussi apercevoir des stands de dépistage mis en place par l'association «Having a Ball». Nommée en mémoire de Joseph Barnes, jeune cinéaste neuchâtelois malheureusement décédé en 2022 des suites d'un cancer du testicule, elle promeut la prévention de ces maladies encore trop peu connues. 

Lors de la première édition, organisée en 2023 à Neuchâtel, l'événement avait attiré des dizaines de personnes, dont «une bonne soixantaine d'hommes» qui avaient profité du dépistage gratuit, soit une palpation des testicules réalisée par un spécialiste, à l'abri d'une tente prévue et équipée à cet effet. 

«Si un seul gars est diagnostiqué suffisamment tôt et ne subit pas ce que je vis, je serai très heureux», avait décrété Joseph Barnes dans son ultime podcast vidéo, diffusé sur YouTube jusqu'à son décès. D'après un communiqué de presse, l'association «Having a Ball» est justement née grâce à ces mots. 

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Les dépistages restent rares

Car ainsi que l'observe le Dr Guillaume Altwegg, urologue FMH à Genève, la prévention santé chez les hommes peine à trouver sa place: «On observe une tendance à mettre de côté les examens médicaux jusqu’à ce que les symptômes deviennent trop évidents pour être ignorés, déplore-t-il. C’est un peu comme si on attendait que le moteur claque avant de penser à l’entretien de sa voiture.» 

Or, en ce qui concerne certains cancers masculins comme celui de la prostate, notre intervenant rappelle qu'une détection précoce peut faire toute la différence. «C'est tout l’objectif de Movember, ajoute-t-il. Rappeler aux hommes que la santé mérite leur attention et faire en sorte qu'ils se sentent autant concernés par leur santé que par d’autres aspects de leur vie.»

Voici les informations que les spécialistes voudraient que le grand public connaisse, afin de prévenir au maximum ces maladies: 

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Le cancer du testicule est plus fréquent chez les jeunes

D'après la Ligue suisse contre le cancer, on compte environ 470 nouveaux cas de cancers du testicule chaque année, en Suisse, ce qui représente 2% de toutes maladies cancéreuses chez les hommes. Or, il a la particularité de toucher davantage de jeunes que les personnes âgées:

«Il s'agit du cancer le plus fréquent chez l’homme entre 15 et 35 ans, affirme le professeur Massimo Valerio, médecin-chef du Service d'urologie des HUG. Pour cette raison, on recommande une autopalpation régulière dès l’âge de 15 ans.»

Le spécialiste souligne en effet que ce réflexe est la meilleure manière de prévenir ce type de cancer, largement asymptomatique: «L'autopalpation est très facile à réaliser, puisqu’il s’agit d’un organe superficiel et mou, ajoute-t-il. La maladie se manifeste souvent par un nodule – une bosse ou une boule – au niveau d’un des testicules, qu’il est aisé de repérer en comparant chacun des deux organes entre eux. Dès qu’on sent quelque chose d’inhabituel, il est important de consulter un urologue au plus vite. Dans la plupart des cas, les cancers sont découverts de cette façon.»

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Le cancer du testicule ne rend pas forcément stérile

Or, lorsque la maladie est découverte assez tôt, le professeur Valerio souligne que le pronostic vital est excellent: «Une opération chirurgicale d’ablation du testicule est généralement suffisante et lorsqu’une chimiothérapie est nécessaire, les patients répondent très bien au traitement.»

Sachant que la stérilité peut représenter une crainte, notamment chez les jeunes patients, notre expert se montre rassurant, rappelant qu'un projet d'enfant ne devient pas forcément impossible, après le diagnostic. «Quand on découvre un cancer, on propose aux patients de réaliser une cryoconservation de sperme, au cas où l’opération doit être suivie par une chimiothérapie. Comme la chirurgie réduit le tissu testiculaire et que la chimiothérapie éventuelle peut impacter négativement la capacité reproductive, la fertilité risque de baisser, bien que certains patients parviennent à avoir des enfants sans problème, une fois guéris.»

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Ces types de cancers sont souvent asymptomatiques

Qu'il s'agisse du cancer du testicule ou de la prostate, notons que l'apparition de symptômes signifie souvent que la maladie a déjà atteint un stade avancé: «La prévention repose surtout sur la sensibilisation et une prise de conscience générale, insiste le spécialiste. Pour le cancer de la prostate, le fait de savoir que tous les hommes y sont sujets et que le dépistage est important, permet d’identifier la maladie plus tôt. Pour le cancer des testicules, à nouveau, c’est l’autopalpation qui peut faire la différence. Il ne faut pas attendre de ressentir des symptômes, car lorsque ceux-ci apparaissent, il est déjà trop tard.»

En ce qui concerne le cancer de la prostate, le stade localisé n'a généralement aucune manifestation et, contre toute attente, n’est pas associé à des troubles urinaires ou de la sphère sexuelle: «Dans ses stades plus avancés, il peut provoquer des douleurs osseuses ou, lorsque les tissus avoisinants sont infiltrés, des troubles urinaires ou digestifs, ainsi qu’une fatigue et une perte de poids inexpliquée», précise le professeur Valerio. 

Notre expert ajoute par ailleurs que le dépistage des maladies de la prostate est réalisé par le médecin généraliste après une décision partagée avec le patient sur les avantages et les désavantages d’une éventuelle détection précoce: «On conseille donc à tous les hommes de réaliser des contrôles chez leur médecin dès l’âge de 50 ans, et dès l’âge de 45 ans en présence d’un historique familial.» 

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Il ne faut jamais hésiter à consulter un spécialiste

L'apparition d'un symptôme doit bien sûr justifier une consultation rapide. Contrairement aux femmes qui se rendent annuellement chez leur gynécologue, les hommes consultent moins systématiquement, alors que le dépistage reste essentiel.

Le Dr Altwegg rappelle ainsi que certains signaux doivent être surveillés de près, même s'ils n'indiquent pas automatiquement la présence d'une maladie sérieuse: «Si vous ressentez des changements dans la fréquence ou le confort de vos passages aux toilettes, des douleurs dans le bas du dos ou le bas-ventre, une sensation de lourdeur au niveau des testicules, ou des modifications dans la forme ou la taille de ceux-ci, il est temps de consulter un urologue. Ces signes peuvent être discrets, mais ils ne sont jamais à ignorer.» 

Car un contrôle peut permettre de débusquer certains troubles de la santé quasiment par hasard: le professeur Valerio constate en effet que de nombreux hommes touchés par une hypertrophie de la prostate consultent un urologue pour des problèmes urinaires et découvrent un cancer de la prostate à ce moment-là, lors d'un dépistage opportuniste, «même si les deux phénomènes ne sont pas clairement liés».

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Le cancer de la prostate peut s'avérer «indolent»

Comme le précisait le professeur Valerio ci-dessus, le cancer de la prostate est très commun, puisqu'il est le plus fréquent, en Suisse, chez l'homme: «Le vieillissement est le principal facteur de risque, sachant que l’âge moyen du diagnostic initial est environ 68 ans.»

Le spécialiste relève en outre qu'à partir de 70 ans, environ 50 à 60% des hommes sont atteints d’une forme ou une autre de cancer de la prostate. «Mais dans la plupart des cas, la maladie reste indolente et ne se manifestera jamais. Dépendamment du style de vie et de certains facteurs génétiques, 20 à 30% des cancers de la prostate sont cliniquement significatifs, peuvent progresser et dans une minorité des cas peuvent provoquer le décès. Si on ne traite pas les cancers indolents, il est utile de les repérer le plus tôt possible, afin de pouvoir surveiller le patient.» 

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