Les indispensables rubans roses sont de retour, entraînant dans leur sillage un message d'espoir essentiel: la lutte contre le cancer du sein continue. Avec plus de 6000 nouveaux cas par an en Suisse, dont 80% touchent des personnes âgées de 50 ans ou plus, il s'agit du cancer le plus fréquent parmi la population féminine.
On a beau les connaître, les chiffres sont toujours aussi effarants: une femme sur huit développera cette maladie au cours de sa vie. Alors, en ce premier octobre, les campagnes de sensibilisation reprennent avec passion, distillant leurs importantes traînées roses dans les magasins, sur les réseaux sociaux et dans nos cœurs. Car octobre rose représente un message de soutien à toutes les femmes, mères, sœurs, tantes et amies ayant traversé cette épreuve. L'occasion de lever des fonds et de parler d'une maladie dévastatrice que la science comprend de mieux en mieux.
Un dépistage dès 50 ans
C'est aussi un rappel indispensable, puisque diverses études ont pu démontrer que les lésions découvertes de manière précoce présentent de bien meilleures chances de guérison. La fondation américaine du cancer du sein note en outre que le taux de survie à cinq ans est actuellement estimé à 99% lorsqu'une tumeur est découverte suffisamment tôt. Dans cette optique, quatorze cantons suisses (dont ceux de Vaud, du Valais, de Genève, de Fribourg, de Berne, du Jura et de Neuchâtel) ont mis en place de vastes programmes de dépistage, qui proposent des mammographies tous les deux ans, à toutes les femmes dès l'âge de 50 ans.
En cas de facteurs de risque particuliers, tels que certaines mutations génétiques, la présence de symptômes ou une histoire familiale évocatrice, des examens de contrôle peuvent être réalisés avant cet âge. N'hésitez jamais à en discuter avec votre gynécologue en cas de doutes ou d'inquiétude, et à demander un second avis si vous en ressentez le besoin.
Connaître ses «citrons»
Parmi les campagnes de sensibilisation les plus connues, qui frappent la rétine et restent en mémoire, figure notamment celle de la fameuse barquette de citrons. Imaginée par l'organisation «Know your lemons» (ou «Connaissez vos citrons»), cette image recense les possibles symptômes visuels de la maladie, au moyen de plusieurs rangées de citrons installés dans une barquette d'œufs.
En effet, la grosseur (ou «petite boule») qu'on évoque souvent dans le cadre du cancer du sein n'est pas le seul symptôme à surveiller. Il en existe plusieurs autres, davantage visuels, pouvant potentiellement indiquer la présence de la maladie. Voici les différents signes à connaître:
Les grosseurs dures
Ainsi qu'on peut le lire sur la plateforme de «Know your lemons», la fameuse «boule» ou «bosse» reste le symptôme le plus courant – et le plus largement évoqué. Souvent «située profondément dans le sein», elle s'avère «dure au toucher, comme un pépin de citron et généralement inamovible. Elle peut avoir n'importe quelle forme ou taille.»
La Dre Anita Wolfer, responsable du Centre du Sein au Service d'oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ajoute par ailleurs qu'une grosseur située au niveau de l'aisselle peut également constituer un symptôme potentiel.
Soulignons toutefois que toute «boule» détectée par hasard n'est pas automatiquement le signe qu'un cancer s'est développé. Le site de «Know your lemons» rappelle en effet qu'il peut aussi s'agir d'un kyste inoffensif et rempli de liquide, par exemple. Or, si vous sentez quelque chose d'inhabituel, il est très important de consulter dans tous les cas, afin d'en avoir le cœur net.
Les douleurs dans un sein
«On parle beaucoup des situations dans lesquelles une femme aurait palpé quelque chose d’inhabituel dans son sein, constate la Dre Wolfer. Or, il existe d’autres symptômes moins évoqués, comme des douleurs persistantes et fréquentes qu’on n’a pas l’habitude de ressentir.»
La spécialiste souligne néanmoins qu'il ne s’agit pas des douleurs ponctuelles, familières et régulières que certaines femmes ressentent au cours de leur cycle menstruel, notamment juste avant les règles: «Il s'agit plutôt d’une sensation qui nous semble inhabituelle. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à consulter», précise la spécialiste.
Les symptômes visuels
Voici sans doute les signes les moins connus et les moins souvent discutés: «Ils concernent l’aspect du sein, le mamelon ou même la peau qui l’entoure, explique la Dre Wolfer. Il peut notamment s'agir d’un écoulement au niveau du mamelon, d’une modification inexpliquée de la peau, une rétraction nouvelle du mamelon qui n’a pas toujours été présente, l’apparition d’une peau d’orange sur le sein, une rougeur qui apparait sans raison, ou un changement inexpliqué et asymétrique de volume dans le sein qu’on ne peut rattacher à une prise de poids.»
Ces signes sont d'ailleurs illustrés par l'image de «Know your lemons», qui se focalise essentiellement sur les aspects visibles, à la surface du sein ou du mamelon.
Que faire, en cas de doute?
Si vous reconnaissez l'un de ces signes, la Dre Wolfer recommande de rester très vigilante, sans pour autant céder à la panique: «Ce sont des symptômes possibles, à surveiller durant quelques jours, note-t-elle. S’ils persistent, n’hésitez jamais à contacter votre médecin. Chaque femme connait ses seins et peut reconnaître des sensations ou des signes inhabituels, qu’elle n’a encore jamais constatés. Faites-vous confiance.»